Aux prises avec plusieurs défections d'associations étudiantes, la FECQ accuse à mots à peine couverts la CLASSE de se livrer à une campagne de maraudage en pleine grève étudiante, faisant voler en éclats l'image d'unité du mouvement étudiant.

La CLASSE nie tout effort malicieux de recrutement, mais reconnaît que certaines associations locales quittent les rangs de la FECQ pour la rejoindre. La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) est trop centralisée et ses membres s'en rendent compte en période de conflit, affirme Gabriel Nadeau-Dubois.

«Le choix qu'on a fait depuis le début de ce conflit, ce n'est pas d'en tirer profit pour aller gagner des membres», plaide le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

«D'autres ont fait d'autres choix et c'est correct. Mais nous on ne veut pas perdre d'énergie à se lancer dans des guerres de membership.»

S'il refuse en riant de nommer ceux qu'il accuse de mener des «guerres corporatistes», sa cible ne fait aucun doute. La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) est la seule autre association étudiante à recruter des étudiants collégiaux.

«Tout le monde essaie un peu de tirer la couverture de son côté, mais nous on ne veut pas embarquer dans cette dynamique, ajoute-t-il. Ça me fâche un peu qu'on se lance dans ces débats. La cause est plus importante.»

Gabriel Nadeau-Dubois, tête d'affiche de la CLASSE, se défend bien de mener une guerre de bannières. «Toutes nos énergies depuis le début de l'année sont mises sur la construction d'un mouvement de grève le plus fort possible», jure-t-il.

Toutefois, le leader étudiant affirme qu'il est indéniable que «massivement, il y a des dizaines d'associations étudiantes qui ont décidé de se joindre à la CLASSE». Mais «ce n'est pas par le maraudage», ajoute-t-il.

Les grèves étudiantes sont les «moments où les structures démocratiques sont les plus importantes», analyse Gabriel Nadeau-Dubois.

Plusieurs associations qui ont fait défection à la FECQ se sont d'ailleurs tournées vers la CLASSE, affirme M. Nadeau-Dubois. Celles-ci «trouvaient ça important de s'organiser dans un mouvement qui fonctionne en démocratie directe, un mouvement dans lequel les porte-parole n'ont pas de pouvoir décisionnel, un mouvement dans lequel les mandats sont respectés à la lettre», ajoute-t-il. «Ça peut être des différences» avec la FECQ.

Défections à la FECQ

Le tiers des associations membres de la FECQ ont au moins entamé un processus de désaffiliation, a appris La Presse. Certaines ont simplement le mandat de consulter leurs membres sur la possibilité de faire défection, alors que d'autres sont beaucoup plus avancées sur le chemin du divorce.

Au moins trois associations de la FECQ ne se considèrent plus comme des membres de l'organisation, après avoir choisi de se désaffilier en assemblée générale. Mais la FECQ, elle, les considère toujours comme des membres, parce qu'elles n'ont pas suivi la marche à suivre pour couper leurs liens avec la fédération. La FECQ exige, pour y adhérer ou la quitter, qu'un référendum soit réalisé et affiche un taux de participation d'au moins 10%. Un contrat référendaire doit aussi être signé, prévoyant la formation de deux comités et leurs budgets respectifs.

«Quand il y a des référendums, que les gens soient pour ou contre, nous on a toujours respecté la décision. Mais pour nous c'est important qu'on laisse le choix aux gens», a expliqué M. Bureau-Blouin.