La manifestation de vendredi s'est déroulée dans le calme à Montréal et affichait un visage beaucoup plus familial et enjoué que des marches précédentes alors que la contestation populaire s'étend.

La marche principale s'est terminée peu avant 1h à Montréal. La police a indiqué sur son fil Twitter qu'elle avait arrêté une seule personne pour entrave à un règlement municipal, sans préciser lequel.

Des rafales de plus de 100 km/h, de la grêle et des éclairs ont illuminé le ciel de la métropole dès le début de la manifestation à 20h30. Pendant un peu moins d'une heure, on a également craint qu'une tornade puisse toucher le sol montréalais, mais l'alerte a été rapidement levée.

Signe que les manifestations dépassent maintenant l'enjeu des droits de scolarité, des centaines de citoyens se sont rassemblés dans plusieurs quartiers de Montréal en battant des casseroles et autres accessoires de cuisine en famille et entre voisins.

Plusieurs de ces manifestations de quartier ont plus tard joint la marche principale, qui est partie du parc Émilie-Gamelin mais avait attiré une foule moins importante à cause de la météo.

La présence de ces manifestants «de casseroles», un mouvement qui s'amplifie et qui a maintenant lieu partout au Québec, a grandement contribué au caractère pacifique de la grande marche nocturne.

La pluie était si forte après le départ de la marche principale à Montréal que plusieurs manifestants ont décidé d'enlever leurs chandails tellement ils étaient mouillés. La pluie n'a toutefois pas fait fuir les familles, qui sont de plus en plus nombreuses à défiler avec les étudiants.

L'ambiance était plutôt pacifique. Comme précédemment cette semaine, la police a annoncé que la manifestation était illégale dès son départ, mais a déclaré qu'elle serait tolérée tant qu'aucun acte criminel ne serait commis.

Une manifestante qui a dit avoir pris part à 30 marches a estimé que les policiers avaient maintenant changé d'attitude.

«Je suis tellement contente que j'ai envie de donner la main aux policiers», a dit à La Presse Monique Blanchard, 26 ans.



«L'ambiance est tranquille ce soir, pacifique, j'aime ça», dit Samuel un manifestant de 24 ans.

De conflit étudiant à crise sociale

Plusieurs marcheurs protestent contre la loi spéciale adoptée par le gouvernement Charest encadrant les manifestations, qu'ils jugent excessive, tandis que d'autres appellent à des changements sociaux.

Jean Petitclerc, 50 ans, a déclaré être à la manifestation de vendredi «à cause d'un ras-le-bol général».

Vendredi, le groupe de pirates internet Anonymous a publié une nouvelle vidéo, demandant au gouvernement de cesser la répression policière des manifestations.

De plus, l'organisation Amnistie internationale a publié un communiqué pour dénoncer la loi spéciale.

«La loi 78 est un outrage aux libertés fondamentales qui dépasse largement les limites admissibles au regard du droit provincial, national ou international relatif aux droits de l'homme», affirme Javier Zúñiga, conseiller spécial pour Amnistie Internationale.

Les associations étudiantes ont déposé deux requêtes contre la loi avec l'aide de la Clinique juridique Juripop.

Cette crise qui se poursuit et qui ne semble pas s'essouffler malgré les semaines qui passent attire l'attention des médias étrangers.

L'édition de ce week-end du journal français Libération consacre notamment sa Une aux manifestations québécoises.

- Selon les informations de Philippe Teisceira-Lessard, Marie Allard et Isabelle Hachey.