Après la manifestation monstre de l'après-midi, la 29e manifestation nocturne de mardi soir a été abruptement réprimée à coups de matraques, de boucliers et de bombes assourdissantes. Le bilan du SPVM se chiffre à 113 arrestations. Elles ne sont reliées à la loi spéciale 78 adoptée la semaine dernière à Québec.

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Le SPVM a indiqué que la marche, qui s'était amorcée au parc Émilie-Gamelin vers 20h45 avant de sillonner le centre-ville, a été déclarée illégale pour diverses raisons.

D'abord, parce que certains des quelque 2000 militants portaient des masques, puis parce que le groupe n'avait pas fourni d'itinéraire. Vers 21h45, alors que la foule marchait dans la rue Sainte-Catherine en direction est, près de la rue Peel, la police a dit que les hommes du groupe d'intervention se sont fait lancer des bouteilles de bière.

Le groupe a barré la rue et a rapidement chargé la foule, qui a battu en retraite à la course vers l'ouest. Certains manifestants ont reçu des coups de boucliers. L'un d'eux a été repoussé par un agent alors qu'il tentait d'aider un manifestant bousculé à se relever.

Le groupe a ensuite été scindé en deux, rue Peel, certains vers le nord, d'autres vers le sud. Les policiers leur ont lancé quelques bombes assourdissantes, ces petites grenades de caoutchouc provoquant une détonation de 175 décibels. Au moins deux ont éclaté près du niveau du sol, en plein coeur de la foule.

La marche s'était pourtant amorcée de façon festive si ce n'était du lancer de quelques feux d'artifice. Des gens y participaient même avec leurs enfants.

«Je viens de me faire traiter de conne parce que j'ai amené mes 2 filles (8 et 11 ans). Je pense que je suis assez responsable pour les protéger», a déploré Isabelle Croteau, qui est partie quand la tension a monté.

Vers minuit, la police de Montréal avait effectué environ 80 arrestations, dont au moins cinq pour des infractions criminelles comme des voies de fait ou des agressions armées contre des policiers. Les autres étaient pour des infractions à la réglementation municipale, comme le port du masque. Des arrestations de masse ont été effectuées sur plusieurs sites, comme à l'angle des rues Sainte-Catherine et Metcalfe, Saint-Denis et Maisonneuve, Wolfe et Robin ainsi que René-Lévesque et Hôtel-de-Ville.

Dans un ordre beaucoup plus ludique, un mouvement de manifestations bruyantes anime plusieurs quartiers de la ville depuis quelques soirs. Vers 20h, les gens sortent et tapent bruyamment sur des casseroles avec des cuillers. Le mouvement est tel que le mot «casserole» était un des plus utilisés dans tout le Canada sur Twitter.

Dans un autre ordre d'idée, l'exécutif du syndicat des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro de la STM a recommandé à ses membres de refuser de participer au transport des policiers du SPVM lors des opérations entourant les manifestations, car il se dit contre la loi spéciale 78.

«Souvenez-vous des manifestations de 2005 auxquelles près de 1 000 membres du 1983 avaient participé. Aujourd'hui, ces démonstrations d'insatisfaction seraient illégales», lit-on dans la missive de l'exécutif adressée à ses chauffeurs.



Plus tôt mardi, une manifestation monstre a réuni entre 100 000 (sources policières) et 250 000 personnes pour dénoncer la hausse des droits de scolarité et la nouvelle loi spéciale. Plusieurs artistes et politiciens étaient également du rendez-vous.

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