Avec sa loi spéciale, le gouvernement Charest vient de «mettre le feu aux poudres comme jamais auparavant», a lancé Gabriel Nadeau-Dubois. Le porte-parole de la CLASSE dit même qu'il ne peut plus rien faire pour calmer ses membres.

«Tout ce qu'on pourrait faire pour calmer les étudiants est inutile», a-t-il répondu aux journalistes en fin de soirée hier. «On n'encourage jamais la violence. Mais toutes ces belles positions ne valent rien à partir de maintenant parce que ce que le gouvernement a fait est beaucoup plus fort que n'importe quel appel au calme que l'on pourrait faire. [...] On est impuissant maintenant face à l'arrogance du gouvernement.»

Selon Gabriel Nadeau-Dubois, le gouvernement a «craché au visage d'une génération». La loi spéciale, «répressive», relève à ses yeux d'un «autoritarisme inacceptable». «Ça brime le droit de grève des étudiants», a-t-il ajouté. Mais «aucune loi ne va nous empêcher de manifester et de se mobiliser. Ce n'est pas à coup de lois et de matraques qu'il va faire taire la jeunesse. On invite les gens à descendre dans la rue tous les jours, jusqu'à l'automne, pour le faire reculer.» Après sa conférence de presse, Gabriel Nadeau-Dubois a harangué une foule de manifestants dans les rues de Québec.

Considéré comme le leader étudiant le plus modéré, Léo Bureau-Blouin, de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), a haussé le ton comme jamais. «S'il y a de la violence ou des blessés graves, le gouvernement en portera l'odieux», a-t-il tonné.

Selon lui, la loi d'exception «va mettre en péril la paix sociale au Québec». «Ce n'est pas avec des matraques qu'on va régler la crise politique».

«Ce n'est pas en suspendant la session qu'on suspend la crise», a-t-il poursuivi. «La seule chose qui reste à faire est de continuer de manifester, de continuer de se mobiliser.»

La présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec, Martine Desjardins, a appelé les étudiants à manifester de façon pacifique. Mais elle constate que «le gouvernement a choisi d'aller dans une voie de confrontation avec la jeunesse québécoise».

Le gouvernement «n'a jamais voulu négocier», a-t-elle pesté. «La loi spéciale était prête avant la rencontre» de mardi soir avec la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne.

Pour Léo Bureau-Blouin, «on a joué dans une pièce de théâtre» organisée par un gouvernement qui voulait «marquer des points politiques». Il dit avoir proposé des compromis, mis sa «tête sur le billot» en proposant de recommander à ses membres l'adoption d'une entente modifiée, mais le gouvernement n'a «pas agi de bonne foi depuis le début». Il ne faut pas s'étonner selon lui que les jeunes «perdent confiance en leurs élus».

«Le gouvernement, avec sa loi spéciale, avec son entêtement sur la hausse des droits de scolarité, vient de mettre ce soir un fossé important entre lui et la jeunesse du Québec. Le gouvernement a décidé de faire l'autruche en se cachant derrière une loi spéciale plutôt que de discuter avec la jeunesse et de faire face à ses responsabilité», a affirmé Martine Desjardins.