A la onzième heure, le Barreau du Québec a exorté mercredi soir le gouvernement Charest à ne pas légiférer, à ne pas adopter de loi spéciale pour régler le conflit avec les étudiants.

Même si les injonctions sont bafouées par les étudiants, le Barreau du Québec demande encore aux parties «de respecter toutes les composantes de la primauté du droit». Un climat propice à la sortie de crise nécessite «une nouvelle chance aux pourparlers» estime le Barreau.

L'intervention du Barreau avait pesé lourd dans la balance l'automne dernier pour que le gouvernement ajuste le tir, et lance la Commission Charbonneau sur l'attribution des contrats gouvernementaux.

«Depuis près de 14 semaines, on assiste à des tensions sociales et à des perturbations croissantes qui sont néfastes pour la paix sociale essentielle à l'état de droit. De plus, la primauté du droit, pierre d'assise de la démocratie et des libertés fondamentales, est grandement malmenée. Nous estimons que c'est inacceptable et nous demandons à toutes les parties et aux citoyens de respecter la primauté du droit, (...) le respect des ordonnances et injonctions des tribunaux et le droit de manifester pacifiquement», de soutenir le bâtonnier du Québec, Me Louis Masson, dans un communiqué en début de soirée.

Il se dit «tout aussi préoccupé par le fait que les institutions et leurs représentants ne soient pas toujours respectés. Il importe de rappeler que les représentants des deux parties agissent en toute légitimité» prévient-il au moment où la ministre Michelle Courchesne expliquait aux députés la voie choisie par le conseil des ministres quelques heures plus tôt.

Pour le Barreau, il faut que les «pourparlers reprennent et qu'une véritable médiation soit mise en place dans un climat serein et propice au dialogue».

«Nous recommandons qu'une médiation soit menée par trois experts indépendants et impartiaux qui composeraient un conseil de médiation neutre et objectif. Le choix de ces médiateurs, sans aucun lien avec le gouvernement ou les fédérations étudiantes, permettrait aux parties de revenir à la table avec une ouverture totale à l'identification de solutions de sortie de crise», précise Me Masson.