La démission de Line Beauchamp et le retour de Michelle Courchesne au ministère de l'Éducation indiffère la CLASSE. «Ça ne change rien que ce soit Mme Beauchamp ou une autre personne. Il faut encore trouver une solution à la hausse des droits de scolarité», a réagi sa co-porte-parole, Jeanne Reynolds. «Ce qu'on recherchait, c'était une solution, pas une démission», a-t-elle ajouté.

Le rapport de la CLASSE soulignait toutefois que, lors des négociations qiui ont mené à l'entente de principe, il y a neuf jours, les interventions de Mme Courchesne étaient plus appréciées que celles de Mme Beauchamp.

La FEUQ se montre plus favorable. «Mme Beauchamp prenait très personnellement ce conflit-là. Elle avait de la difficulté à rendre du recul... Mme Courchesne a montré qu'elle était proactive, déterminée. C'est une femme qui sait où elle s'en va», a dit sa présidente, Martine Desjardins.

La FECQ accueille «positivement» l'arrivée de Mme Courchesne, a indiqué son président, Léo Bureau-Blouin. Même s'il a salué le parcours politique de Mme Beauchamp, il regrette qu'elle ait blâmé les étudiants pour l'impasse actuelle. «Ça a pris huit ou neuf semaines avant que le gouvernement accepte de rencontrer les associations étudiantes alors que, plusieurs fois par semaine, on appelait son cabinet», a-t-il rappelé.

Les leaders étudiants se sont tous montrés étonnés par la démission de Mme Beauchamp. Lundi matin, ils avaient participé à une conférence téléphonique avec elle.

Laurent Proulx, étudiant à l'Université Laval qui a été le premier à demander une injonction, l'hiver dernier, s'est demandé pourquoi les leaders étudiants ne démissionnent pas eux aussi. «Ils ont pris la province en otage», a-t-il affirmé à RDI.

De leur côté, les établissements d'enseignement restent inquiets. «On espère qu'un changement d'interlocuteur va apporter de nouveaux éléments. Il faut trouver une sortie de crise dans les plus brefs délais, peu importe qui est ministre», a lancé Jean Beauchesne, président de la Fédération des cégeps. La CREPUQ a préféré ne pas accorder d'interview.

Un «cadeau» pour Charest, croit Legault

Le changement de ministre n'est «ni bon ni mauvais en soi», estime la critique du PQ en matière d'éducation supérieure, Marie Malavoy. Le gouvernement a «cruellement manqué de dialogue» avec les étudiants. Le changement de ministre doit aider à y remédier, dit-elle. Elle reconnaît que Mme Courchesne «connaît parfaitement» son dossier.

Selon la CAQ, la démission de Mme Beauchamp est un «cadeau» pour M. Charest, car cela lui permet de prendre le dossier en main. Et son premier geste devrait être d'exiger que les associations étudiantes en grève «permettent à ceux qui veulent retourner en classe de le faire», affirme son chef, François Legault. Il estime que l'offre du gouvernement est bonne mais qu'elle «doit être mieux expliquée». Pour les familles qui ont un revenu annuel de 65 000 $ ou moins, la hausse n'aura pas d'effet, car elle sera compensée par les bourses, dit-il.

Québec solidaire insiste pour que le gouvernement Charest débatte des droits de scolarité. «Les propositions d'états généraux et de moratoire sont des avenues à explorer», ajoute sa présidente, Françoise David.

- Avec Philippe Teisceira-Lessard