Les améliorations aux régimes de prêts et bourses gouvernementaux peuvent favoriser les hausses de droits de scolarité, selon des études américaines.

Le lien entre l'aide financière aux étudiants et l'«inflation des droits de scolarité» a été mis de l'avant pour la première fois en 1987 par William Bennett, secrétaire fédéral à l'Éducation. Depuis, des économistes ont tenté de vérifier l'«hypothèse Bennett».

Le lien est manifeste en ce qui concerne les institutions privées, dont les droits de scolarité ne sont pas régis par les gouvernements. On observe le même lien, mais plus faible, pour les universités publiques, selon une économiste de l'Université Harvard.

«Les universités sont tentées de récupérer une partie des sommes investies dans l'aide financière aux étudiants», explique Bridget Terry Long, de l'Université Harvard, qui a étudié un programme de bourses au mérite dont bénéficiaient le tiers des étudiants de l'État de Géorgie. «Elles y parviennent même si elles doivent obtenir l'approbation du gouvernement.»

En Géorgie, les universités publiques ont «récupéré» 24% des bonifications des bourses d'études, sous forme de hausses de droits de scolarité et de frais afférents. Les universités privées, elles, ont récupéré 84% de ces bonifications. Le cas des universités privées n'est pas vraiment applicable au Québec, mais il pourrait annoncer des hausses de droits de scolarité dans les cégeps privés.

Qu'en est-il des prêts? Cinq chercheurs américains qui se sont penchés sur la question, consultés par La Presse, ont estimé que l'«hypothèse Bennett» n'est pas avérée pour les prêts. Joe Stone, économiste à l'Université de l'Oregon, a publié en 2007 une étude sur le programme fédéral de prêts Pell dans la revue Economics of Education Review. L'étude montrait que le programme n'a pas d'effet sur les droits de scolarité dans les universités publiques. Mme Long note que les établissements ayant connu le plus d'«inflation universitaire» ne sont pas nécessairement ceux dont les étudiants bénéficient le plus des prêts Pell.

Dans une autre étude, qui n'a pas encore été acceptée pour publication par une revue scientifique, M. Stone affirme avoir mis en évidence un lien entre les programmes de prêts et bourses et les investissements dans les universités publiques, ainsi qu'un autre lien entre les investissements dans les universités publiques et les droits de scolarité. «Il se pourrait qu'un programme de prêts plus généreux rende plus acceptable une hausse des droits de scolarité, qui permet de réduire les investissements dans les universités publiques», avance M. Stone.