L'entente de principe conclue entre le gouvernement et les étudiants ne passe pas. Une quinzaine d'associations, représentant quelque 26 000 étudiants et cégépiens, l'ont rejetée massivement lundi, et ont plutôt opté pour la poursuite de la grève.

> En graphique: les votes sur l'entente et la grève

Seuls les élèves du cégep de la Gaspésie et des Îles (campus de Gaspé), qui avaient repris les cours la semaine dernière, ont adopté l'entente.

Toutes les autres associations qui se sont prononcées lundi l'ont rejetée en bloc, dont celle du cégep de Valleyfield et l'Association des étudiants en langues et communication de l'UQAM, qui sont considérées comme deux associations baromètres par la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

«Le premier signal venant de Valleyfield est un signal assez clair. Si la vague se poursuit, on va retourner en disant que nos membres ne sont pas satisfaits. Il va falloir d'une façon ou d'une autre que le gouvernement trouve un moyen de sortir de la crise», a affirmé le co-porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.

Des votes auront lieu toute la semaine. La CLASSE tiendra un congrès extraordinaire jeudi pour se prononcer sur la question. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) fera de même vendredi.

Non seulement l'entente a été rejetée par plusieurs associations, mais la grève a été reconduite avec une plus forte proportion dans plusieurs établissements.

La CLASSE reproche au gouvernement d'avoir jeté de l'huile sur le feu en faisant des déclarations publiques qui ne correspondent pas à ce qui a été convenu à la table de discussions. «On avait l'impression qu'il y avait vraiment un compromis de la partie gouvernementale. [...] Dimanche, ils se sont littéralement vantés de nous en avoir passé une petite vite. C'est ce qui a mis le feu aux poudres», affirme M. Nadeau-Dubois.

Les étudiants étaient convaincus que des économies éventuelles dans la gestion des universités, ciblées par le conseil provisoire, entraîneraient une diminution des droits de scolarité, et pas seulement des frais afférents, explique la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins.

«Il faut préciser ou revoir certains éléments», affirme-t-elle, faisant allusion à des zones grises dans le document de l'entente. «C'est un travail qui doit se faire rapidement. Les votes se tiennent et, malheureusement, s'il n'y a pas de modifications, j'ai l'impression que l'entente ne passera pas.»

L'entente nécessite un éclairage supplémentaire, d'autant plus que les déclarations du gouvernement n'ont pas rassuré les étudiants et les cégépiens, croit de son côté le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin. «C'est sûr que des éléments doivent être clarifiés. Des déclarations publiques du gouvernement sur les économies potentielles doivent être précisées.»

La ministre déçue

Le rejet de l'entente de principe déçoit la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp. Elle l'attribue à un malentendu sur la nature du document.  «L'entente a été vue comme étant une réponse réglant l'ensemble des enjeux», y compris celui des droits de scolarité. «Peut-être qu'on n'a pas assez bien dit que ce n'est pas le cas.C'est une entente pour sortir de la crise», a-t-elle affirmé à La Presse. Selon elle, «il y aura d'autres forums», c'est-à-dire les prochaines élections, pour débattre de la question des droits de scolarité.

Elle attend le vote d'autres associations d'ici la fin de la semaine avant de statuer sur la suite des choses.

Elle se défend d'avoir jeté de l'huile sur le feu dimanche ou de vouloir saboter l'entente. «Je n'ai aucun intérêt à faire en sorte que le boycott se poursuive», a-t-elle dit.

La ministre assure que cette entente «reflète ce qui a été dit autour de la table». «Des précisions peuvent toujours y être apportées», mais les «principes» ne seront pas modifiés, a-t-elle prévenu. Il n'est pas question pour elle de faire en sorte que des économies éventuelles dans la gestion des universités diminuent également les droits de scolarité. Cette option avait été rejetée lors des négociations, a-t-elle précisé.

D'autres représentants présents à la table de discussions ne s'entendent également pas sur le contenu des discussions.

Le président de la CSN, Louis Roy, affirme que le texte de l'entente est «tout à fait» conforme aux discussions.

Le président de la CSQ, Réjean Parent, affirme quant à lui que le texte de l'entente reflète «une partie des discussions». «Le gouvernement n'a pas fermé la porte» à ce que les économies éventuelles diminuent également les droits de scolarité. Lors des négociations, «il a dit que c'est un texte initial, que ça va être peaufiné dans le futur, qu'on apportera des précisions», a-t-il affirmé.