Le texte finalement approuvé par l'ensemble des associations étudiantes samedi ne correspond pas aux conclusions atteintes en cours de négociations, selon le comité de négociations de la CLASSE.

Dans leur rapport, que La Presse a obtenu, les quatre négociateurs décrient «un subterfuge» et se disent «consternés». Le texte de l'entente aurait fait l'objet de nombreux ajustements dans la matinée de samedi.

Les étudiants souhaitaient notamment y voir les dispositions suivantes: 

- Toutes les économies trouvées par la partie étudiante feraient en sorte de réduire l'ensemble de la contribution étudiante, et non seulement les frais afférents;

- Le conseil pourra choisir les deux membres de la communauté économique et son président par consensus afin d'assurer la parité;

- Le paiement différé s'appliquera sur deux ans et sera renouvelable si nécessaire.

Le gouvernement semblait être d'accord avec ces demandes, jure le comité.

Puis, «vers 13h, nous sommes réinvités à la table pour voir le texte final. Ce texte comporte encore quelques erreurs que nous demandons illico de modifier. Mais la lecture fut rapide», écrivent les négociateurs étudiants.

«Le nouveau texte nous arrive, en ne regardant que si les dernières modifications ont été faites Philippe [Lapointe] approuve le texte et, devant l'ambiance générale de sentiment de fin des travaux et signe le document sans consulter le reste du comité de négociation.»

C'est par la suite, en s'attardant sur le texte de l'entente, que les représentants de la CLASSE ont découvert que les trois éléments voulus ne s'y trouvaient pas du tout.

«Plusieurs éléments avaient été modifiés», explique le rapport. «Le comité de négociation fut consterné de voir ce avec quoi revenait Philippe.»

Le comité, dont le principal intéressé, juge a posteriori qu'il s'agit d'une «erreur fatidique», dont Philippe Lapointe «prend l'entière responsabilité».

Si le document signé par erreur ne correspond pas à l'entente verbale supposément intervenue entre les deux parties, c'est parce qu'il «semble que la CRÉPUQ ait travaillé plus ardemment que les étudiants et les étudiantes dans les dernières modifications des détails», analysent les quatre négociateurs.

Techniques gouvernementales décriées

Les négociateurs étudiants montrent aussi du doigt le gouvernement pour ses méthodes: «Ils ont isolé un représentant tout au long des négociations. Une personne [est] alors prise dans un constant effort intellectuel», indique le rapport. Selon le document, Philippe Lapointe aurait été pris à part par le négociateur du gouvernement, Pierre Pilote.

«En isolant le représentant, le gouvernement a aussi pu plus facilement l'introduire dans un état de fatigue et émotionnellement plus faible. Lors de la signature finale du document qui devait être référé à consultation, il était donc passablement moins éveillé, alerte et capable de sens critique.»