Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n'interviendra pas pour s'assurer du respect des injonctions qui ordonnent la reprise des cours dans certains cégeps et universités. Son directeur, Marc Parent, dit qu'un juge doit en faire la demande expresse, ordre qu'il n'a pas encore reçu.

«Une injonction est une affaire civile. On n'a pas à intervenir à moins qu'un juge en fasse la demande expresse», a indiqué le chef de police. Marc Parent a prononcé ce matin un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain où il est revenu sur les manifestations étudiantes qui durent depuis plus de 80 jours.

Questionné à savoir pourquoi ses policiers n'étaient pas intervenus mercredi au Collège de Maisonneuve, où des manifestants ont empêché la reprise des cours décrétée par une injonction, le directeur du SPVM a dit qu'il n'avait pas le mandat de faire respecter ces décisions des tribunaux. Même une plainte de la direction du cégep ne pourrait mener à une intervention. «Ça doit venir d'un juge», a-t-il expliqué.

En fait, un juge pourrait seulement demander à un corps policier d'intervenir dans un «lieu spécifique».

Marc Parent estime que de faire appliquer toutes les injonctions pourrait être difficile pour les forces policières québécoises. «Ça pourrait être problématique que chacune des injonctions soit respectée dans le contexte actuel.»

Vendredi dernier, 16 élèves du Collège de Maisonneuve ont obtenu de la Cour supérieure une injonctionqui ordonne à l'établissement de donner les cours auxquels ils sont inscrits. Les tribunaux ont rendu au moins 20 injonctions depuis le début du conflit étudiant, mais plusieurs reprises de cours ont été annulées en raison de la présence de manifestants aux entrées des institutions d'enseignement.

«Du jamais vu»

Dans sa présentation à la chambre de commerce, Marc Parent a souligné que le conflit étudiant en était à sa 80e journée, «du jamais vu». La métropole a connu durant cette période 160 manifestations, dont 33% ont été décrétées illégales en raison d'actes criminels. Le chef de police a répété que ces débordements étaient l'oeuvre «de petits groupes de casseurs, d'agents provocateurs, d'agitateurs qui détournent les manifestations pacifiques».

Marc Parent a également souligné le défi que pose la popularité des médias sociaux. «Ce qui se passe en Égypte, à Londres, au Brésil, n'est plus qu'à quelques clics de notre population. Nous ne pouvons plus faire abstraction de cette cyberproximité.»