Le conflit entre le gouvernement et les étudiants continue de s'enliser. La contre-proposition faite mardi par les deux fédérations étudiantes, qui préconisent toujours le gel des droits de scolarité, déçoit la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

«Ça n'a pas bougé côté étudiant et je suis déçue», a déclaré en fin de journée la ministre Beauchamp en parlant de la question des droits de scolarité.

«Je ne suis pas devant une contre-proposition, je suis devant une justification d'une position pour défendre le gel. Sur cet élément, je ne crois pas qu'on soit en mode "rapprochement"», a-t-elle ajouté.

Plut tôt dans l'après-midi, les deux fédérations étudiantes avaient présenté une contre-proposition en sept points, en réponse à l'offre faite par le gouvernement vendredi dernier.

Absente de l'événement, la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) présentera, quant à elle, sa proposition demain matin.

Outre le gel des droits de scolarité, la contre-proposition des fédérations étudiantes prévoit notamment un moratoire de deux ans sur la mise en place du plan de financement des universités - qui vise à injecter 963 millions dans le réseau universitaire d'ici 2016-2017 - et la tenue d'États généraux sur l'éducation postsecondaire.

Avant de puiser davantage dans la poche des étudiants et des contribuables pour financer les universités, il faut évaluer les besoins réels et faire le ménage, a souligné la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins. «Le plan de financement des universités ne se base sur aucune évaluation et aucun objectif à long terme», a-t-elle déploré.

Les mesures contenues dans la contre-proposition avaient déjà été soumises au gouvernement, mais sans jamais faire l'objet d'une «offre globale», a ajouté Mme Desjardins.

«Ce n'est pas seulement à la pièce qu'il faut traiter ces positions, mais vraiment dans un ensemble qui est tout à fait cohérent», croit-elle.

«On souhaite que ce type de propositions puisse démontrer au gouvernement du Québec que les étudiants ont une intention véritable de régler [le conflit] et qu'il est maintenant temps de reprendre le processus [de discussions]», a ajouté le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin.

Mais il semble que ce ne soit pas suffisant pour que le gouvernement et les étudiants en viennent à une entente.

La ministre Beauchamp s'est d'ailleurs dite «étonnée» que les fédérations étudiantes demandent un moratoire de deux ans sur le financement des universités.

«Il y a quelques années à peine, elles demandaient plutôt un réinvestissement massif de la part du gouvernement. On disait que les cégeps et les universités criaient famine», a-t-elle souligné.

Elle accueille toutefois avec ouverture les propositions touchant la gestion des universités. Elle a déjà accepté la création d'une commission d'évaluation.

Par ailleurs, la CLASSE présentera pour sa part ses propositions demain. Tout indique que les mesures préconisées iront dans le sens de ce qui a été proposé jusqu'à maintenant, notamment sur la question du gel. La CLASSE préconise aussi l'ajout de paliers d'imposition.

«Nous voulons prendre le temps de bien préparer notre proposition afin qu'elle soit complète et cohérente», a expliqué l'un des porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, pour justifier l'absence de la CLASSE mardi.

«Il n'y a pas lieu de sauter aux conclusions et de parler de dissensions», a-t-il ajouté en rappelant que le mouvement étudiant a toujours été pluriel.

La conférence de presse des fédérations étudiantes a d'ailleurs été perturbée par des étudiants dissidents qui reprochent à la FECQ et la FEUQ de ne pas être suffisamment démocratiques. Une action dont s'est immédiatement dissociée la CLASSE sur son fil Twitter.