Arrêtée pour une troisième fois en trois semaines pour sa participation à des manifestations, Emma Strople, 22 ans, passera la fin de semaine sous les verrous.

La Couronne s'est opposée à sa remise en liberté, cet après-midi, lors de sa comparution au palais de justice de Montréal. La jeune femme, qui est accusée d'avoir brisé ses conditions en se trouvant sur les lieux d'une manifestation qui était devenue illégale, reviendra lundi pour son enquête sous cautionnement.

Pour la jeune femme, c'était presqu'un «copier-coller» de ce qui s'était passé la veille, sauf que cette fois, les constables spéciaux ont empêché ses supporteurs de pénétrer dans la salle, au motif qu'ils avaient «fait un cirque», mercredi. La jeune femme est apparue brièvement dans le box des accusés, et elle n'affichait plus aucun sourire, contrairement à ses deux précédentes comparutions.

Le parcours judiciaire de Mme Strople a commencé le 30 mars, lorsqu'elle a comparu au palais de justice de Montréal avec deux autres jeunes femmes, sous 15 accusations. Parmi celles-ci, on comptait plusieurs méfaits sur des édifices et voitures de police, qui ont eu lieu pendant la manifestation Grande mascarade du 29 mars. Après sa mise en accusation, Mme Strople a été remise en liberté sous diverses conditions, dont celle de ne pas se trouver dans une manifestation illégale et ne pas se déguiser lorsqu'elle manifeste.

La jeune femme a été arrêtée de nouveau mardi, et a comparu mercredi après-midi. On l'a accusée d'avoir brisé ses conditions lors d'une manifestation le 19 avril (déguisement et manif illégale) de même que le 24 avril (ne pas avoir eu sur elle le document qui exposait ses conditions de remise en liberté.) La jeune femme a pu reprendre sa liberté sous les mêmes conditions. Mais cette fois, la juge Nathalie Fafard lui a en outre imposé le dépôt d'une somme de 500$. Plusieurs de ses camarades, qui se trouvaient dans la salle d'audience, s'étaient réjouis bruyamment. Aujourd'hui, les constables spéciaux n'ont pas voulu les laisser entrer. Un jeune homme qui rouspétait a été escorté à l'extérieur du palais.

Droit de manifester et Charte des droits et libertés

Lors de l'enquête sous cautionnement de Mme Strople, la Couronne pourrait-elle imposer comme condition celle de ne plus manifester?

Me Jean-Pascal Boucher, porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales, a indiqué à La Presse que ce n'est «pas une condition qu'on va émettre.»

«Le problème n'est pas dans la manifestation. Mais manifester ne veut pas dire casser des vitres», signale le procureur. Il rappelle que la Charte des droits et libertés garantit le droit aux individus de se réunir pacifiquement. «On est soucieux des libertés fondamentales», dit-il, avant d'expliquer que les procureurs doivent être capables de prouver les accusations qu'ils déposent. Il mentionne qu'il y a d'autres moyens pour encadrer un individu qui a tendance à se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment : délimiter un quadrilatère où il n'aura pas le droit de se trouver, lui imposer un couvre-feu.