Une manifestation réunissant plus d'un millier de personnes dans les rues de Montréal vient de prendre fin devant le bureau du premier ministre Jean Charest. L'événement s'est déroulé paisiblement.

Cette manifestation s'est mise en branle vers 14h40, juste après l'annonce, à Québec, que les discussions en cours depuis lundi entre la ministre et les organisations étudiantes étaient suspendues.

Annoncée sur le site internet de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), cette manifestation veut ironiquement souligner la fin de session qui aurait lieu à cette période si une grève n'était pas en cours depuis plus de dix semaines. Mais il est clair que certains en ont aussi contre la trêve qu'avait demandée la ministre Line Beauchamp comme condition pour entreprendre des discussions.

Pour l'instant, l'ambiance est bon enfant. Mais certains slogans scandés par les manifestants ne reflètent aucune ambiguïté: «Fuck la trêve, vive la grève», crient-ils.

Fortes réactions aux déclarations de la ministre

Plus tôt, les manifestants s'étaient d'abord réunis à la place Émilie-Gamelin. Les réactions étaient fortes aux propos de la ministre. On croit que le gouvernement ne peut ignorer la CLASSE.

«La CLASSE représente 50% des grévistes. La balle est maintenant dans le camp de la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec). On va voir ce qu'ils vont faire par solidarité. Je crois que cette décision va teinter la manifestation d'aujourd'hui. Il y a de la colère. Et c'est le gouvernement qui l'a causée», croit Éric Pineault, professeur de sociologie à l'UQAM.

«La FEUQ devrait offrir une place dans sa délégation à la CLASSE, comme annoncé au début pour montrer sa bonne foi. Si elle ne le fait pas, elle va cautionner la stratégie de division du gouvernement», croit pour sa part une étudiante qui est pourtant membre de la FEUQ.

«Les gens sont en colère après 11 semaines de grève. En même temps, il n'y a rien à négocier. On demande le retrait de la hausse. On n'a pas fait toute cette grève pour obtenir une demi-victoire», analyse une autre étudiante.

Chargé de cours à l'UQAM, en sociologie lui aussi, Benoit Coutu y va d'une suggestion radicale à l'attention de Jean Charest.

«Il doit décréter un moratoire sur la hausse et aller en élection sur cet enjeu», croit-il.

Une autre manifestation importante doit se mettre en branle ce soir, toujours à Montréal.

À Québec, une autre manifestation s'est organisée, de façon spontanée celle-là, en réaction à la suspension des négociations et parce que la ministre a expulsé la CLASSE de la table de discussions.