Des personnalités du monde de l'éducation et des arts demandent au gouvernement de dénouer la crise étudiante en recevant le plus rapidement possible l'ensemble des associations étudiantes.

Ces personnalités appellent aussi le gouvernement à suspendre sa hausse des droits de scolarité prévue pour les cinq prochaines années afin de permettre la tenue d'un débat sur l'avenir du système d'éducation supérieure et son financement.

En échange, affirment-ils, les étudiants devraient rentrer en classe dès qu'ils auront reçu l'invitation du gouvernement.

Le groupe de personnalités, qui comprend notamment le professeur Guy Rocher, l'ancien président du Mouvement Desjardins Claude Béland, l'ancien ministre libéral Jean Cournoyer et l'animateur Jacques Languirand, tire la sonnette d'alarme. Tous se disent «profondément inquiets de la grave crise qui secoue actuellement l'ensemble de la société».

La crise actuelle, qui se compare selon eux à des événements comme Octobre 70 et la Crise d'Oka, se dégrade dangereusement, affirment-ils.

La génération actuellement aux études «risque de perdre bientôt ce qui est le plus important: l'espoir et la confiance envers la société et ses mécanismes démocratiques», ajoute le groupe dans une courte lettre.

Ils reprochent au gouvernement d'avoir montré une «incompréhensible fin de non-recevoir aux groupes s'opposant à ses volontés».

Le groupe n'hésite pas à condamner la présence des casseurs lors des récentes manifestations, les qualifiant de «parasites qui ne peuvent qu'exacerber les tensions et nous éloigner d'une résolution de la crise».

Les signataires incluent aussi le juge à la retraite et ancien ministre péquiste Robert Burns, l'ancien président de la CSN Gérald Larose, le réalisateur Bernard Émond et le comédien Luc Picard.



«C'est trop court comme raisonnement, c'est terriblement court», a lancé le célèbre interprète de Passe-Montagne, Jacques L'Heureux, en référence à la possibilité que le gouvernement Charest profite de la situation actuelle pour s'attirer la sympathie de certains électeurs.

Jean Charest, c'est quelqu'un qui a toujours dirigé avec les maudits sondages et je pense que c'est ça qu'il regarde. Il faut aller plus loin que ça. Il faut voir qu'historiquement, le Québec a toujours massivement subventionné l'éducation supérieure.»

Pour le syndicaliste devenu professeur Gérald Larose, l'expulsion de la CLASSE de la table des négociations proposée par la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, comme la blague du premier ministre Charest - qui a proposé d'offrir un emploi, «dans le Nord, si possible», aux étudiants qui frappaient à la porte du gouvernement vendredi - ne sont que des manoeuvres de diversion.

Il faut trouver un règlement rapide, a-t-il tranché. Ça a trop duré, le tissu social est mis à mal. Il y aura des coûts importants pour notre propre jeunesse.»

C'est ainsi que, face à «une incompréhension qui risque de détruire l'espoir et la confiance envers la société et ses mécanismes démocratiques, acquis de haute lutte depuis des générations», les signataires de l'appel au dialogue demandent notamment au gouvernement de rencontrer «ensemble et sans délai les trois associations étudiantes», de suspendre sa proposition et de mettre en place des mécanismes pour un large débat sur l'éducation et son financement.

En contrepartie, la proposition est faite aux associations étudiantes de mettre un terme à la grève dès que le gouvernement québécois aura donné une réponse positive, et de s'engager «avec ouverture et espoir» au dialogue.

Ce qui manque depuis le début, c'est un espace de discussion et de négociations», a commenté M. Larose.

Quand on a affaire à un conflit de principes et que les parties ne peuvent pas le régler, il faut rouvrir la table, créer un comité s'il le faut. On s'organise pour que le débat se fasse.»

Et selon lui, ce n'est pas ce que la ministre Beauchamp a fait en invitant deux des trois associations étudiantes à la rencontrer pour discuter de la gestion des universités.

Ce n'est pas une table qu'elle proposait. Elle suggérait d'abord de diviser le mouvement et ensuite de discuter d'une autre question. C'est comme une porte qui est ouverte, mais qui est peinturée sur un mur. On comprend que les associations n'aient pas accepté», a expliqué M. Larose, qui cumule quelques décennies d'expérience dans la défense des causes syndicalistes.

- Avec Marie-Michèle Sioui de La Presse Canadienne