Des enquêteurs de la commission Charbonneau ont rencontré Paolo Catania à deux reprises, en 2013, dans l'objectif qu'il témoigne lors des audiences publiques. Mais le controversé entrepreneur est resté dans l'ombre. Contexte d'un témoignage qui n'a jamais eu lieu.

Avant que Paolo Catania ne rencontre deux enquêteurs de la commission Charbonneau, les 5 et 6 février 2013, une première approche avait eu lieu entre son avocat, Pierre L'Écuyer, et le procureur de la commission Charbonneau, Denis Gallant.

Me L'Écuyer a indiqué à La Presse avoir rencontré son « ancien confrère de classe » à l'automne 2012. « Je lui ai expliqué que mon client n'était pas intéressé à témoigner », a-t-il souligné avant de faire remarquer que « les réponses de Paul [Paolo] n'ont certainement pas satisfait la Commission et que c'est pour ça qu'on ne l'a pas fait témoigner ».

Selon les informations recueillies par La Presse, il semble plutôt que le témoignage de M. Catania n'était peut-être plus nécessaire à cette étape des travaux de la Commission. Après le passage de l'entrepreneur Lino Zambito en octobre 2012, qui avait exposé les règles de la collusion dans l'industrie de la construction, les acteurs impliqués, le paiement des ristournes au monde politique et à la mafia, la commission Charbonneau avait besoin de témoins qui allaient corroborer ces déclarations faites sous serment.

Comme deux sources bien au fait du dossier l'ont indiqué à La Presse, Paolo Catania avait été ciblé. Après le témoignage de l'ancien ami de M. Catania, Elio Pagliarulo, le terreau pouvait être fertile, croyait-on.

M. Pagliarulo avait établi des liens entre M. Catania et la mafia ainsi que leur implication commune dans une entreprise de prêts usuraires. Il avait aussi déclaré que M. Catania avait versé des pots-de-vin notamment à l'ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, et surtout qu'il avait été passé à tabac par des hommes de main de Paolo Catania pour une dette de plus de 1 million.

UN DEUXIÈME TÉMOIN VEDETTE

Mais entre le moment où la Commission cherchait la collaboration de Paolo Catania et les rencontres avec les enquêteurs qui allaient se dérouler quelques mois plus tard, un élément est venu modifier le scénario : Michel Lalonde, président de la firme de génie Génius.

M. Lalonde est devenu le deuxième témoin vedette de la commission Charbonneau en expliquant en détail le rôle des firmes de génie, puisque c'est lui qui coordonnait la collusion entre celles-ci. Son témoignage s'est déroulé à la fin de janvier 2013.

Du coup, la possibilité d'entendre M. Catania était devenue moins importante dans le cadre des travaux qui portaient sur Montréal. De plus, le procès à venir de M. Catania relativement à la fraude présumée dans le scandale du Faubourg Contrecoeur exigeait une grande prudence de la part de la commission Charbonneau.

Quant aux déclarations de M. Catania aux enquêteurs concernant le financement politique provincial avec le Parti libéral du Québec et son collecteur de fonds Marc Bibeau, elles sont demeurées lettre morte. Ni M. Bibeau ni MM. Housakos et Lalonde, évoqués dans ses déclarations concernant l'Action démocratique du Québec et le Parti québécois, n'ont été accusés.