L'ex-fonctionnaire montréalais Luc Leclerc écope d'une radiation de 10 ans de l'Ordre des ingénieurs pour avoir empoché jusqu'à 500 000 $ en pots-de-vin. L'un des trois membres du Conseil de discipline appelé à trancher son sort juge toutefois la peine trop clémente, estimant qu'il aurait dû être radié à vie.

Le Conseil de discipline de l'Ordre des ingénieurs a rendu publique cet après-midi sa décision à l'encontre de Luc Leclerc. Celui-ci faisait face à 7 chefs d'infraction après avoir admis devant la commission Charbonneau à l'automne 2013 avoir reçu de nombreux cadeaux et enveloppes remplies d'argent d'entrepreneurs sous contrat avec la Ville de Montréal, son ancien employeur.

Plutôt qu'invoquer l'immunité que devait lui conférer son statut de témoin à l'enquête publique, Luc Leclerc a accepté de reconnaître devant le conseil de discipline l'essentiel de ses aveux faits lors de son témoignage. Il a ainsi de nouveau indiqué avoir empoché de 1996 à 2009 de 400 000 $ à 500 000 $ de la part d'entrepreneurs en construction.

Le Conseil de discipline a accepté la proposition commune du syndic et de Luc Leclerc d'une sanction temporaire de 10 ans. Cette peine est toutefois insuffisante pour rétablir la confiance du public, estime l'un des trois ingénieurs appelés à entendre la cause, Denis Arsenault. Celui-ci a ainsi inscrit sa dissidence, estimant que sa radiation aurait dû être permanente.

L'ingénieur dissident rejette ainsi les facteurs atténuants pris en considération par le Conseil, notamment qu'il s'agissait d'une première infraction. Après tout, les manquements se sont étendus sur 15 ans, soit plus du tiers de la carrière de Luc Leclerc, rappelle Denis Arsenault.

L'ingénieur dit également ne pas croire aux remords exprimés par Luc Leclerc, indiquant que ses manquements éthiques ont seulement cessé lorsque les pratiques de son employeur ont changé.

Denis Arsenault estime également qu'une radiation permanente ne punirait pas davantage Luc Leclerc qui, âgé de 66 ans, ne tentera vraisemblablement pas de se lancer dans une nouvelle carrière dans dix ans. De plus, l'intimé a déjà abandonné son titre d'ingénieur de lui-même en quittant l'Ordre en avril 2014.