L'entreprise de construction Hexagone a pris l'initiative de chercher dans les archives laissées par l'ancien propriétaire, Tony Accurso, le chèque dont il a été question à la commission Charbonneau et dont aurait bénéficié Jacques Duchesneau.

Le président du conseil d'administration d'Hexagone, Mario Bertrand, a confirmé hier à La Presse que le nouveau directeur des finances de l'entreprise procède à des vérifications. « Nous n'avons reçu aucune demande de la Commission ou de l'Unité permanente anticorruption », a-t-il précisé.

Vendredi dernier, l'entrepreneur Tony Accurso a livré, sous serment, un témoignage percutant devant la commission Charbonneau. Il a affirmé avoir remis un chèque de 250 000 $ destiné à Jacques Duchesneau après la défaite de celui-ci comme candidat à la mairie de Montréal.

L'argent aurait transité par l'entreprise GesPlani R.L.L. Inc. appartenant à Richard Le Lay, codirecteur de la campagne électorale de M. Duchesneau (1998). Vendredi, M. Le Lay a déclaré à La Presse que jamais une somme de 250 000 $ n'avait transité par une de ses entreprises pour atterrir dans les poches de M. Duchesneau.

En contre-interrogatoire, hier, M. Accurso a dit qu'il croit que le chèque a été fait en 1999, mais qu'il ne se souvient pas s'il l'a personnellement signé. Il pense que le chèque provenait de la Banque Nationale. À la fin de la journée, il s'est engagé à produire tout document qui pourrait aider les enquêteurs de la Commission à faire la lumière sur cette affaire.

Arsenault muet

M. Accurso a aussi précisé à la procureure du Parti québécois qu'il y a plusieurs années, il a raconté à l'ancien président de la FTQ Michel Arsenault avoir fait un chèque de 250 000 $ à Jacques Duchesneau. Joint hier par La Presse, M. Arsenault n'a pas voulu nier ou corroborer ces informations. « Je ne suis plus un homme public, je jouis de ma retraite et n'ai aucun commentaire à faire », a-t-il soutenu.

De son côté, Mario Bertrand a indiqué que si des « boîtes et le chèque » étaient retrouvés, Hexagone « s'empresserait de les remettre aux autorités ». Il a toutefois rappelé que Simard-Beaudry Demi-Cadratin l'une des entreprises de M. Accurso qui forment maintenant Hexagone Demi-Cadratin a fait l'objet de deux perquisitions au cours des dernières années et que « des tonnes de papier » sont entre les mains de la police.

Quant à Jacques Duchesneau, il maintient sa position. Il nie catégoriquement avoir empoché de l'argent versé par Tony Accurso afin d'éponger sa dette électorale.

M. Duchesneau a dirigé l'Unité anticollusion du ministère des Transports, dont le rapport a été un des éléments déclencheurs de la mise en place de la commission Charbonneau.

- Avec Denis Lessard