Le responsable du bureau politique de Charlevoix, la circonscription de l'ex-première ministre Pauline Marois, a fourni des prête-noms à un ingénieur de Roche à qui il avait demandé de trouver 10 000 $ de contributions politiques.

À la barre de la commission Charbonneau, ce matin, Ernest Murray, ex-attaché politique et responsable du bureau de circonscription de Pauline Marois et de son prédécesseur, le député Rosaire Bertrand, est venu raconter cet épisode qui remonte à 2008.

À l'époque, les rumeurs d'élection grondaient au Québec. Il s'agissait du troisième scrutin en un an et demi. Après avoir fait le «tour de ses contacts», Murray avait du mal à remplir ses objectifs de financement, a-t-il témoigné.

C'est alors qu'il contacte un ingénieur de Roche, dont l'identité est protégée par un interdit de publication. Surnommé le «Témoin A» par la Commission, il devrait venir témoigner bientôt derrière un paravent.

Murray dira au «Témoin A» qu'il lui manque 10 000 $ pour atteindre ses objectifs. Le Témoin A lui répondra plus tard qu'il peut lui débloquer les sommes, mais qu'il a besoin de prête-noms pour faire les chèques. Murray lui trouvera trois personnes.

Dans un courriel, Murray lui écrira: «Des gens sûrs, proches de Rosaire B.»

L'avocat de la Commission, Me Simon Tremblay, a mentionné que les trois prête-noms de Murray n'ont finalement pas été utilisés, mais que l'intention du témoin de le faire était claire.

Selon des courriels déposés devant la Commission, Murray a réservé deux cartes pour le PDG de Roche, Mario Martel et une autre pour le «Témoin A» pour un souper avec Pauline Marois à Québec en octobre 2008.

Marois informée, selon le témoin

Devant la Commission, Ernest Murray a déclaré qu'il a informé Pauline Marois de ses difficultés de financement, ainsi que de sa demande de 10 000 $ à la firme Roche. Murray ne se souvient pas s'il a mentionné l'usage de prête-noms. «Je ne le sais pas si j'ai été jusque là, je ne sais pas si c'est rentré dans la conversation», a-t-il déclaré.

Murray n'a pas beaucoup développé sur la réaction de Mme Marois, mais il a dit qu'il n'avait pas été «réprimandé» par sa chef.

En contre-interrogatoire, l'avocat du Parti libéral du Québec, Me Félix Rhéaume, lui a demandé si le «Témoin A» était la personne mentionnée dans un reportage de Radio-Canada, en mars dernier, qui aurait été sollicitée par le conjoint de Pauline Marois, Claude Blanchet, pour une contribution de 25 000 $ en 2007. Murray a répondu qu'il ne le savait pas.

Le «Témoin A» voulait un retour d'ascenseur

Dans un échange de courriels en 2008 présenté à la Commission, le «Témoin A» demandera l'aide de Murray pour obtenir un contrat de réfection du Musée de La Malbaie et du cégep de la région. Murray lui suggère des personnes ressources, mais a assuré devant la Commission qu'il n'a jamais eu l'intention d'échanger des dons pour des contrats.

La Commission entend maintenant Christian Côté, ancien urbaniste chez Plania, une filiale de Dessau. Ce dernier a été solliciteur de fonds pour l'ancien ministre libéral David Whissell. Il est aujourd'hui consultant.

La version de Zambito niée

En après-midi, la commission a entendu Christian Côté, ancien urbaniste chez Plania, une filiale de Dessau. Ce dernier a été solliciteur de fonds pour les anciens ministres libéraux David Whissell et Nathalie Normandeau.

Lors de son témoignage devant la commission, en octobre 2012, l'entrepreneur Lino Zambito a affirmé que Côté, qui s'était présenté comme « le gars de Whissel », avait tenté de lui soutirer 50 000$ en argent comptant en 2007 pour financer le PLQ.

Devant la commission, Christian Côté a nié. Il a raconté qu'il avait contacté Zambito à une seule reprise pour l'inviter à un cocktail de financement, ce qui avait froissé l'entrepreneur.

Côté a cependant confirmé être déjà allé en voyage de pêche avec le chef de cabinet de Nathalie Normandeau à Goose Bay au Labrador. Il est aussi allé à un voyage de pêche au saumon avec David Whissell.

Dans les deux cas, Lortie et Whissell ont payé leur voyage, mais Côté a été remboursé par Dessau, qui considérait ces dépenses comme du développement des affaires.