Il l'avait nié bec et ongles lors de son témoignage devant la commission Charbonneau l'an dernier. Une enquête de la Commission a cependant démontré que Bernard Trépanier, l'argentier de l'ex-parti du maire Gérald Tremblay, a aussi fait du financement politique illégal pour le Parti libéral du Québec (PLQ).

La commission Charbonneau a entendu aujourd'hui plusieurs témoins en rafale qui ont parlé de sujets n'ayant pas nécessairement de lien les uns avec les autres.

L'homme d'affaires de Laval Joseph Cristofaro et l'enquêteur de la Commission, Guy Desrosiers, ont été les premiers appelés à la barre des témoins.

Desrosiers est venu livrer les résultats d'une enquête ouverte après la réception d'une lettre anonyme durant le témoignage de Bernard Trépanier à la Commission l'an dernier.

Surnommé « Monsieur 3% » parce qu'il collectait 3% du montant des contrats publics de la Ville de Montréal auprès des firmes de génie, Trépanier était l'ancien directeur du financement d'Union Montréal. Selon l'enquête de Desrosiers, il a aussi fait du financement politique pour le PLQ en 2007.

Joseph Cristofaro a raconté qu'il avait fait un chèque de 3000$ au PLQ lors d'un dîner à l'Hippoclub Onyx de Tony Accurso. C'est son collègue et ami Jean-Guy Blanchette qui lui a demandé de faire le chèque à la demande de Trépanier. Il lui promet qu'il sera remboursé le jour même en argent comptant. Il a accepté.

Quatre autres personnes ont confirmé à Desrosiers avoir fait la même chose : Jean-Guy Blanchette, l'ancien joueur de hockey Carol Vadnais, sa fille Michèle, ainsi qu'un propriétaire de boutique de vêtements pour hommes, Pierre Allaire.

Piscine à Saint-Sauveur

La commission a par la suite entendu l'ex-maire de Saint-Sauveur, Michel Lagacé. Ce dernier est venu raconter comment l'ex-attachée politique de David Whissell, Isabelle Lord, l'a mis en contact avec un consultant, Christian Côté, pour qu'il l'aide à obtenir une subvention du ministère de l'Éducation, des Loisirs et des Sports en 2008.

Lagacé soupçonnait que Côté voulait faire un appel d'offres «dirigé» au profit de la firme Dessau.

« Après quelques rencontres, je lui ai demandé : qui vous paye? Il m'a dit : ne vous inquiétez-vous pas avec ça. J'ai répondu, tout d'un coup que ce n'est pas votre firme qui est choisie et il m'a dit : ça, ça s'arrange. »

Lagacé a raconté cette histoire à Guy Ouellette, député du PLQ. C'est Ouellette qui finira par le rappeler pour lui dire que la subvention a été rejetée par le conseil des ministres.

« J'ai plié »

La commission a ensuite entendu Jacques A. Tremblay, ancien directeur général des infrastructures au ministère des Affaires municipales, qui a notamment travaillé sous le règne de l'ancienne ministre Nathalie Normandeau.

Nathalie Normandeau, a utilisé son pouvoir discrétionnaire à 32 reprises pour majorer les subventions accordées à des projets d'infrastructures de l'eau sans fournir de justificatif dans le dossier, a-t-on appris mardi lors du témoignage d'un chef d'équipe au ministère des Affaires municipales. À plusieurs autres reprises, Normandeau a par ailleurs approuvé des projets qui n'avaient pas reçu l'aval des fonctionnaires.

« J'aurais dû être plus ferme », a admis Tremblay. « Oui, j'ai plié aux demandes de la ministre », a-t-il ajouté.

Le prochain témoin de la commission sera Kazimir Olechnowicz, président de la firme de génie Cima+.

Photo tirée d'une vidéo

Michel Lagacé

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Bernard Trépanier