Un urbaniste mentionné vendredi à la commission Charbonneau pour son rôle dans le dossier controversé du CUSM conseille présentement la Ville de Lac-Mégantic dans le projet de reconstruction de son centre-ville. Récemment mise à l'amende par le Directeur général des élections, sa firme, IBI/DAA, risque de perdre pendant trois ans le droit de décrocher tout contrat public.

Deux enquêteurs de la Commission ont exposé vendredi une manoeuvre qui aurait avantagé SNC-Lavalin lors d'un appel d'offres pour la construction du CUSM. Selon eux, l'urbaniste Marc Perreault, qui conseillait la firme de génie, aurait convaincu l'arrondissement de Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce de considérer comme souterrain un stationnement en surface, générant au passage une économie de 25 millions.

Voilà que Marc Perreault est associé principal et vice-président directeur de IBI/DAA, cette firme d'urbanisme qui conseillait également le CUSM dans son projet de réaménagement.

La firme conseille aujourd'hui la Ville de Lac-Mégantic, dont le centre-ville a été rasé en juillet dernier dans une tragédie ferroviaire. «La Ville a contacté le Groupe IBI/DAA pour qu'il l'accompagne dans une délicate et urgente démarche pour la reconstruction d'un centre-ville en marge de l'ancien», peut-on lire sur le site de l'entreprise.

Vérifications faites, c'est Marc Perreault qui représente IBI/DAA auprès de la municipalité de 6000 âmes. La municipalité a confirmé à La Presse que cet urbaniste siège au comité chargé de conseiller les fonctionnaires et élus dans le projet de réaménagement.

Tant nos appels à Marc Perreault ainsi qu'à la firme IBI/DAA vendredi sont restés sans réponse.

La Presse a révélé cette semaine que l'avalanche de contrats liés à la reconstruction de Lac-Mégantic est présentement au coeur d'une enquête ouverte par l'UPAC.

Prête-noms

IBI/DAA se trouve dans l'embarras depuis la publication d'un reportage du quotidien Le Soleil selon lequel des employés ont servi de prête-noms pour la firme en 2009 auprès du parti du maire de la capitale, Équipe Labeaume. En mars dernier, le DGE a imposé pour plus de 10 000 $ en amendes à la firme dans cette affaire, ce qui pourrait lui valoir au passage une interdiction de décrocher tout contrat public pendant trois ans.

Il n'a pas été possible de savoir si la firme a reconnu sa culpabilité ou si elle contestera les amendes du DGE.

L'annonce de cette possible sanction a d'ailleurs poussé récemment la Ville de Montréal à retarder l'attribution d'un contrat à IBI/DAA afin de mener des vérifications. La firme vient de remporter un appel d'offres de la métropole dans le cadre du projet de réaménagement d'une importante portion de la rue Sainte-Catherine Ouest. Le 7 mai dernier, l'administration Coderre devait entériner un contrat de 78 700 $, mais celui-ci a été retiré de l'ordre du jour le matin même pour «vérifications».

IBI/DAA décroche parfois des contrats avec la Ville de Montréal. En 2013, l'entreprise avait obtenu un mandat de 274 500 $ pour la préparation d'un projet au Jardin botanique et un autre de 127 900 $ pour élaborer un plan stratégique des parcs-nature de la métropole.