Le parrain défunt de la mafia montréalaise, Vito Rizzuto, savait faire des affaires en or. Après avoir tiré les ficelles du projet de construction du 1000 de la Commune sans y investir un seul sou, il mettra la main sur cinq condos pour la modique somme de 1$. Il revendra ensuite les unités pour 1,7 million$.

Après le paiement des droits de mutation de 16 000$, il a donc engrangé un profit de 1,6 million. L'acte de vente est conclu entre le promoteur Terry Pomerantz et la compagnie de son fils Léonardo Rizzuto.

«Considérant qu'il n'y a pas eu d'investissement initial, c'est quand même un bon profit», a déclaré l'enquêteur Éric Vecchio, qui témoigne à la commission Charbonneau depuis hier.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Le 1000, rue de la Commune.

Pour son dernier jour d'audiences avant de faire relâche jusqu'au lendemain du scrutin provincial le 8 avril, la commission Charbonneau a continué de s'intéresser au 1000 de la Commune.

Au départ, c'est l'entrepreneur Tony Magi qui pilotait la transformation de l'ancien entrepôt frigorifique du Vieux-Port en condos de luxe. Or, dès le début du projet, Tony Magi éprouve des difficultés financières. C'est à ce moment que Rizzuto entre en scène.

Vito Rizzuto se met alors à « tirer les ficelles » pour recruter des partenaires financiers qui pourront sauver Magi de la faillite, dont Pomerantz. Rizzuto, obtiendra 6% des parts de Magi pour ses services « d'arbitre ».

Lorsqu'il sera incarcéré en 2004 en attente de son procès d'extradition vers les États-Unis, c'est le fils du parrain, Nick Jr, qui sera les yeux de son père sur le terrain, montre l'écoute électronique diffusée ce matin. Le but de Vito Rizzuto est d'écarter Magi pour que son fils prenne le contrôle.

Nick Jr Rizzuto a été assassiné en décembre 2009 dans le quartier Notre-Dame-de-Grâces, sur la rue Upper Lachine, à un jet de pierres de l'entreprise de Tony Magi.

« Je suis avec un conseiller »

La commission s'est ensuite intéressée à un autre projet immobilier, celui d'un terrain situé à l'angle du boulevard Descaries de Côte-Saint-Luc appartenant à une communauté religieuse. L'affaire remonte à 2002. Plusieurs acteurs s'intéressent au terrain dont Tony Magi et le promoteur Lee Lalli. Tony Magi souhaite alors reprendre l'édifice pour y installer une pharmacie Pharmaprix. Le hic, c'est que le terrain est zoné institutionnel.

Dans une écoute électronique, Magi téléphone à Vitto Rizzuto pour l'informer qu'il est en présence du conseiller municipal de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Saulie Zajdel. « Il va nous donner son support. Il va nous aider à avoir le zonage. »

Saulie Zajdel est l'un des co-accusés de l'ancien maire, Michael Applebaum, dans une affaire de pots-de-vin.

C'est finalement, Lee Lalli qui parviendra à acheter le terrain. Il refuse d'inclure Magi dans son projet.

Lalli ne parviendra pas à obtenir le zonage commercial dont il avait besoin pour s'enrichir.