L'actuel PDG du Fonds de solidarité FTQ, Yvon Bolduc, a informé Michel Arsenault de l'existence de pots-de-vin au Fonds dès le printemps 2009.

> Lisez le verbatim de cette écoute électronique«Johnny [Lavallée] ne s'est jamais trop caché qu'il prenait des pots-de-vin», déclare Bolduc sur communication obtenue grâce à l'écoute une écoute électronique qui a été diffusée hier à la commission Charbonneau.

«On a-tu des preuves de ça?», demande Michel Arsenault.

«On en a apparemment pour [Richard] Marion, mais Marion, lui, y était au fait que ça se passait avec Johnny, pis Marion, il se pensait solide.»

Richard Marion est un ancien PDG de la SOLIM, le bras immobilier de la FTQ-Construction. Il s'est fait montrer la porte par Lavallée après avoir refusé d'investir dans la marina Brousseau, un endroit fréquenté par l'ex-directeur général de la FTQ-Construction Jocelyn Dupuis ainsi que des Hells Angels. On y organisait des concours de wet t-shirts.

«Quand Johnny a vu que l'autre, y pouvait utiliser ça comme comme levier, ben, il l'a câlicé dehors. Les deux [Marion et Lavallée] sont un peu croches là-dedans, les deux sont pas clean clean. Johnny, là, y est pas blanc comme neige», ajoute Bolduc.

Michel Arsenault lui demande alors: «Le corrupteur, c'est-tu qui je pense?» Yvon Bolduc lui répondra qu'il ne le sait pas.

Cette conversation s'est déroulée le 9 mars 2009. Le même jour, Michel Arsenault a discuté avec Élaine Zakaïb. 

Cette ex-dirigeante du Fonds de solidarité, aujourd'hui ministre péquiste, avait informé Michel Arsenault que la FTQ-Construction bloquait systématiquement les dossiers des concurrents de Tony Accurso dans la région de Montréal.

«J'ai dit: "Envoye-moué donc la liste de tous les contracteurs du Québec avec qui on fait affaire", relate Michel Arsenault. Elle a dit: "À Montréal, on n'en a pas beaucoup, parce que c'est réservé à Accurso." Faudrait pus jamais qu'elle dise ça.»

Lavallée nie

Jean Lavallée a terminé son témoignage en niant avec véhémence l'allégation de Bolduc. «Je n'ai jamais accepté de pots-de-vin... La police peut venir vérifier toutes mes affaires», a-t-il martelé, visiblement irrité, critiquant du même coup le travail de la Commission.

Le procureur de la Commission, Me Cainnech Lussiaà-Berdou, a souligné que les placements de M. Lavallée «excédaient les millions de dollars». «Je ne suis pas un gars qui a volé le monde, je n'ai jamais accepté un sou noir de personne.»

Lorsqu'il a pris sa retraite, Jean Lavallée a reçu une indemnité de départ de 447 000$. «Après 38 ans de service», a-t-il tenu à préciser.

Jean Lavallée a terminé son témoignage hier. Les audiences reprennent lundi.

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Lavallée a déclenché une grève à la demande de Franco Fava

Plus tôt cette semaine, Jean Lavallée avait indiqué qu'un négociateur patronal lui avait déjà demandé déclencher une «p'tite grève» pour l'aider à obtenir l'appui des siens lors d'une négociation de convention collective. 

Il s'agissait, dit-il, d'une personne travaillant à l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec. Cette «petite grève» de quelques jours a effectivement eu lieu en 2001. Quelque 31 000 syndiqués avaient débrayé.

Lors de son contre-interrogatoire, Lavallée a révélé que le négociateur en chef n'était nul autre que Franco Fava, ex-grand argentier du Parti libéral.

Franco Fava a été projeté à l'avant-scène lors de la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges.

À l'époque, l'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, avait fait des allégations concernant du financement illicite au Parti libéral du Québec et du trafic d'influence dans le processus de nomination des juges. Des médias avaient plus tard désigné l'entrepreneur en construction Franco Fava comme le collecteur de fonds visé par ces révélations.

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