La commission Charbonneau a décortiqué, en matinée, un cas concret dans lequel une entreprise a servi de façade à Normand Dubois, la présumée tête dirigeante d'un réseau de fausse facturation dans l'industrie de la construction.

Le témoignage de l'entrepreneur Bernard Bellavance a démontré comment il avait été dupé par le Normand Dubois et le comptable Clément Desrochers. L'entreprise de M. Bellavance, Constructure du Riche-Lieu était une coquille vide dont le seul véritable actif était sa licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ).

M. Bellavance a raconté qu'en 2003, Clément Desrochers lui a proposé une association d'affaire avec Normand Dubois. Ce dernier a été arrêté pour une deuxième fois, la semaine dernière, et accusé notamment de gangstérisme pour avoir dirigé une organisation qui faisait de fausses factures dans le secteur du coffrage.

Le rôle de M. Dubois dans la proposition à M. Bellavance consistait à fournir des contrats et de la main-d'oeuvre.  De son côté, Clément Desrochers gérait les opérations et M. Bellevance devait empocher sa part des bénéfices. Dans les faits, il a reçu pendant quatre mois, une somme de 5000$ correspondant à une part des profits anticipés.

Selon son témoignage, M. Bellevance y aurait vu une occasion de se relancer en affaires tout en continuant de travailler comme surintendant de chantier. De plus, la proposition provenait de M. Desrochers qui avait été son «bras droit» dans une précédente aventure dans l'industrie de la construction (l'entreprise Samibel) qui s'est terminée en une faillite personnelle pour M. Bellavance.

Mais rapidement, Bernard Bellavance a perdu le contrôle de son entreprise. Il recevait les relevés de chèques de la compagnie qui lui indiquaient que les choses roulaient. Il devait fréquemment se rendre à Laval pour signer des chèques. Pour l'accommoder, M. Desrochers lui a proposé d'utiliser une étampe comme signature. Puis, un nouveau compte bancaire a été ouvert à Laval pour lequel M. Desrochers était habilité à faire des transactions.

En 2004, Revenu Québec téléphone à M. Bellevance qui avait «des doutes». Il a raconté à la commission Charbonneau avoir alors insisté pour obtenir les informations mais la réponse est venue sous forme de menaces. «Tu restes tranquille et il n'arrivera rien à toi et ta famille», lui aurait dit alors M. Desrochers.

Un an plus tard, Bernard Bellavance a été contraint de faire faillite une deuxième fois. Et malgré cette situation et la rancoeur qu'il avait à l'égard de M. Desrochers, il est resté en contact avec lui. Le témoin a reconnu avoir demandé à son employeur de facturer une entreprise pour le travail, que lui, avait effectivement réalisé. Le stratagème a permis à M. Bellavance d'être payé au noir tout en versant une commission à l'entreprise accommodante.

Un enquêteur de la commission Charbonnneau est maintenant à la barre des témoins. Il présente des transactions impliquant les entreprises de grues, Fortier Transferts et Grues Guay.