Le petit groupe qui contrôlait le Fonds de solidarité FTQ a perdu sa mainmise au printemps 2009 quand la multiplication des reportages journalistiques a entraîné les départs de Jean Lavallée et Guy Gionet. «D'après moi, le party est fini», s'est désolé Denis Vincent dans une conversation entendue par la commission Charbonneau.

En mai 2009, le Fonds de solidarité FTQ entreprend un ménage au sein de son bras immobilier, alors appelé la SOLIM. L'ex-président de la FTQ-Construciton, Jean Lavallée, est forcé de quitter son siège au conseil d'administration, et le PDG Guy Gionet est congédié.

Ces changements n'augurent rien de bon pour le groupe composé de Jean Lavallée, Tony Accurso, Guy Gionet et Denis Vincent. L'écoute électronique entendue ce matin à la Commission illustre l'état de panique créé par la multiplication des reportages sur l'influence exercée par leur petit groupe sur le Fonds FTQ. «La marde est pognée dans la grosse fan», a lancé Denis Vincent.

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L'homme d'affaires Tony Accurso.

Le groupe tente une dernière tentative pour conserver le contrôle, en essayant d'écarter Yvon Bolduc de la tête du Fonds FTQ. «Yvon c'est un traitre», dit Denis Vincent. Pour y arriver, ce dernier affirme que l'aide de Henri Massé est sollicitée. Celui-ci n'est peut-être plus président de la FTQ à l'époque, mais il conserve une forte influence. «Il est dangereux Yvon [Bolduc], il faut qu'il sorte de là. Avec Johnny [Lavallée], on va aller voir Henri [Massé] pour arrêter ça. Il faut que Henri s'en mêle. Yvon Bolduc est rendu fou», dit Denis Vincent à Jean-Marc Baronet, président de Grues Guay.

Denis Vincent se désole aussi de voir Guy Gionet, «mon président de SOLIM», écarté du bras immobilier du Fonds FTQ. Il craint surtout que les dossiers qu'il présente pour obtenir du financement cheminent plus lentement puisqu'il devra les présenter à une simple secrétaire plutôt qu'aux véritables dirigeants. «Sans fast-tracks, les dossiers n'avancent pas», a résumé Denis Vincent aux enquêteurs de la Commission quand ceux-ci l'ont rencontré en 2013 durant leur enquête.

Accurso, fondateur du Fonds FTQ ?

Dans l'écoute électronique entendue ce matin, Denis Vincent fait une étonnante affirmation : Louis Laberge et Jean Lavallée n'étaient pas seuls en 1983 à pousser pour la création du Fonds de solidarité. Ils ont été aidés de Tony Accurso, entrepreneur qui a été un important bénéficiaire du Fonds.