Les gens devront assister en personne aux audiences de la commission Charbonneau pour les deux prochaines semaines s'ils veulent savoir où en est l'enquête publique. Une ordonnance de non-publication frappera les huit prochains témoignages touchant l'infiltration des motards criminels dans l'économie légale.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a réclamé - et obtenu - un interdit de publication pour éviter de nuire aux procès de plusieurs personnes dont il sera question. Les huit prochains témoins viendront en effet exposer les détails de trois importantes enquêtes policières ayant secoué les activités des Hells Angels, soit les projets Diligence, Hégémonie et Écrevisse.

Sept des huit témoins dont le témoignage ne pourra être rendu public pour l'instant peuvent à tout le moins être identifiés. Il s'agit de l'entrepreneur Paul Sauvé, de cinq enquêteurs, Richard Ayotte, Stéphane Viens, Michel Patenaude, Jean-Marc Arel et Simon Riverin, ainsi que l'un des coaccusés dans l'opération Diligence, Steve Laliberté.

Le huitième témoin ne peut être identifié pour des raisons de sécurité.

Cette portion en interdit de publication pourrait durer au moins deux semaines. La reprise des audiences en public de la Commission pourrait ainsi n'avoir lieu qu'en octobre. Le public peut tout de même assister aux audiences, un huis clos n'ayant pas été imposé.

Opération Diligence

Entamée en 2007, cette enquête de la Sûreté du Québec avait été lancée à la suite d'une plainte de l'entrepreneur Paul Sauvé, qui avait dénoncé publiquement l'infiltration du crime organisé dans son entreprise. L'opération visait à contrer des activités de blanchiment d'argent et d'infiltration de l'économie légale dans le milieu de la construction par les Hells Angels. La plus importante prise des policiers est sans nul doute le motard Normand Casper Ouimet. Il est soupçonné d'être à la tête d'un réseau qui aurait tenté de noyauter le secteur de la maçonnerie au Québec afin de blanchir de l'argent provenant du commerce de la drogue.

Opération Écrevisse

Menée en octobre 2010, l'opération Écrevisse visait le trafic de stupéfiants en Abitibi. Pas moins de 83 personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette frappe policière. Deux juges avaient été suspendus dans la foulée de cette enquête. Les juges Marc E. Grimard et Michel Girouard avaient été identifiés par un délateur comme des clients du réseau démantelé. Le juge Grimard a pu réintégrer en juin dernier son poste.

Opération Hégémonie

Le projet Hégémonie a quant à lui eu lieu en juin 2011 en Estrie. L'enquête avait été déclenchée au printemps 2010 après une série d'incendies criminels. L'entreprise Ponceaux de l'Estrie était soupçonnée d'être à l'origine des incidents, espérant récolter les travaux de réparation et ainsi percer l'économie légale. L'enquête s'était élargie, menant à une saisie de drogues et d'armes. Près d'une trentaine de personnes avaient été arrêtées en Estrie, à Montréal et à Laval.