Les motards criminalisés ont tiré d'importantes leçons de l'opération Printemps 2001 qui a décimé leurs rangs: sans abandonner leurs activités illicites, les trois quarts détiennent aujourd'hui des compagnies afin d'infiltrer l'économie légale, a expliqué le sergent Alain Belleau devant la commission Charbonneau.

Les frappes policières ont porté un dur coup aux Hells Angels au début des années 2000. Depuis, les motards ont massivement tenté d'investir l'économie légale. «On a entendu au cours d'une conversation interceptée un membre dire que ''ceux qui veulent faire le club vont devoir se forcer  et avoir des business légales''. Récemment, on a vu des membres qui expliquent à d'autres qu'il faut un revenu pour légitimer leur train de vie pour pouvoir agir à l'abri de l'impôt.»

En 2010, plus de 75% des membres connus des Hells Angels au Québec détenaient des compagnies à leur nom. Plusieurs de ces entreprises ne sont que des coquilles vides, ne comptant souvent aucun employé. «On a vu des compagnies qui fonctionnaient, mais on a vu des membres des Hells Angels sur la liste de paye sans jamais les voir se présenter», a souligné le sergent Belleau.

Les motards visent les milieux peu spécialisés, comme les bars, les ateliers de motos, les gazonnières, les sports professionnels comme les arts martiaux mixtes, les boissons énergétiques, la construction et l'industrie du sexe comme les bars de danseuses. 

Il ne faut pas se méprendre, malgré leur infiltration dans l'économie légale, les motards poursuivent activités illégales en parallèle. Rappelons que les Hells Angels se financent en percevant 10% des revenus des activités criminelles de leurs membres. S'ils abandonnaient leurs activités criminelles, les membres «n'auraient pas de 10% à donner à l'organisation, alors il ne serait plus profitable», a expliqué le sergent Belleau.

Des 118 membres des Hells Angels en 2009, 97% avaient un casier criminel, dont 82% pour des accusations en matière de stupéfiants. Les principales activités criminelles des Hells Angels touchent le trafic de drogue. Ils font aussi dans la prostitution, le prêt usuraire, les armes à feu et le blanchiment d'argent. 

Statut pour le Fonds de solidarité FTQ

Alors que l'automne s'annonce syndical, le Fonds de solidarité FTQ a réclamé un statut de participant à la Commission. La juge France Charbonneau a accepté la demande présentée par Me André Ryan, limitant toutefois sa participation aux témoignages la touchant directement.

Pour justifier sa requête, le Fonds de solidarité FTQ a souligné avoir beaucoup investi dans la construction dans la période visée par l'enquête publique. Déjà, le témoignage de l'entrepreneur Joe Borsellino en février a permis de constater qu'une guerre s'était jouée en coulisse avec Tony Accurso pour l'accès à la cagnotte du Fonds.

Le prochain témoin est attendu seulement lundi. Pour le moment, la Commission doit entendre pour le reste de la journée pas moins de huit requêtes en non-publication présentées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales.