Gilles Cloutier a été contraint, en 2000, de vendre sa résidence à Denis Houle (alias Pas Fiable), un membre en règle des Hells Angels, en échange de la sienne.

En contre-interrogatoire à la commission Charbonneau, l'ex-organisateur politique et ex-responsable du développement des affaires de la firme de génie Roche a raconté avoir été menacé par Denis Houle alors qu'il venait de découvrir que l'acheteur de sa résidence était un motard. 

C'est en se rendant à Piedmont à l'invitation de Houle que Gilles Cloutier a compris à qui il avait affaire. Pour accéder au «domaine», il a demandé Togo, l'homme de confiance de Denis Houle. Il y avait des motos et des signes clairs de l'association des personnes présentes avec les Hells Angels, dont un immense badge avec le numéro 17 sur un mur, s'est remémoré Gilles Cloutier.

Dès lors, M. Cloutier a décidé de ne plus échanger sa maison contre celle de Houle, qui lui avait été présenté comme un homme d'affaires faisant du «recyclage au New Jersey». Mais Houle ne l'entendait pas ainsi. 

Il a fait comprendre à M. Cloutier, «l'écume à la bouche», qu'il n'avait pas le choix de lui vendre sa résidence de Blainville s'il voulait éviter les problèmes. «Il a sorti un gun», a raconté M. Cloutier, qui a finalement accepté la transaction contre 105 000 $ comptant. 

Denis Houle a été arrêté lors de l'opération policière Printemps 2001. Il est derrière les barreaux.

En matinée, le contre-interrogatoire de Gilles Cloutier a semé la confusion à la Commission. L'avocate représentant le Parti québécois, Estelle Tremblay, a cherché à faire ressortir de possibles contradictions dans le témoignage de M. Cloutier quant à un pot-de-vin de 25 000 $ qu'il dit avoir remis à un ami de l'ancien ministre péquiste Guy Chevrette. Était-ce pour la route 125, à hauteur du village de Sainte-Julienne, ou plutôt pour la route Saint-Donat ? 

Placé devant ses différentes versions des faits, M. Cloutier a semblé irrité, soulignant qu'il ne s'agissait pas du même dossier. «Vous mélangez absolument tout», a-t-il lancé à Me Tremblay. Finalement, il a fallu que le commissaire Renaud Lachance intervienne pour que l'on comprenne qu'il y avait eu un pot-de-vin et qu'un autre avait été envisagé mais n'avait jamais abouti.

En fin d'après-midi, la commission Charbonneau a entendu les plaidoiries de différents avocats, dont celui représentant l'ancien ministre Chevrette, qui souhaite témoigner.

Le dossier de Laval pourrait n'être abordé qu'à compter de mardi. Le premier témoin sera alors le directeur général Gaétan Turbide.