Dire que l'ex-maire de Montréal Gérald Tremblay s'est retiré des affaires serait l'euphémisme du siècle. Selon plusieurs proches avec lesquels La Presse a pris contact, il passe l'essentiel de son temps à son chalet de Saint-Hippolyte, se promène dans les bois. Il a également passé deux semaines en Floride ce printemps. Il n'a pratiquement plus donné signe de vie à l'hôtel de ville de Montréal depuis le fameux soir du 2 novembre, où il a jeté l'éponge.

Gérald Tremblay a cependant laissé sa paisible routine de côté depuis quelques semaines. Il se prépare «avec fougue» à ce qui s'annonce comme son dernier tour de piste: son témoignage devant la commission Charbonneau, attendu cette semaine.

«Il n'a jamais repris contact et n'est pas revenu à la Ville, dit une source bien placée. Au début, il était complètement retiré et ne voyait que sa famille proche.»

L'ex-maire, qui a fêté ses 70 ans le 20 septembre dernier, va «plutôt bien» dans les circonstances, rapportent plusieurs personnes qui l'ont côtoyé. Aucune n'a souhaité être identifiée. Même son frère, Marcel Tremblay, a décliné la demande de La Presse, expliquant qu'ils n'avaient plus de contacts.

«Au début, ce n'était pas facile: c'est un homme extrêmement occupé, dynamique, indique un fonctionnaire qui l'a côtoyé. Passer d'un agenda super chargé à presque rien, ça faisait une sacrée différence.»

Objectif: «Blanchir son nom»

Pour se préparer à son passage devant la Commission, l'ex-maire est assisté d'une sommité du droit montréalais, au nom prédestiné de Gérald R. Tremblay. François Giroux, un autre avocat du cabinet McCarthy Tétrault, l'épaule.

«Il se prépare, il révise ses dossiers», explique une autre source à la Ville de Montréal, qui a pris contact avec lui à la fin du mois de mars.

C'est ce cabinet qui a hérité, en juillet dernier, de la défense des élus de la Ville de Montréal, anciens et actuels, devant la commission Charbonneau. Seule exception: Frank Zampino, dont les honoraires d'avocats font l'objet d'un litige avec la Ville.

L'ex-maire, confirment plusieurs sources, met beaucoup d'énergie à préparer son retour sous les feux de la rampe. Pour lui, «l'important, c'est de défendre sa réputation, de blanchir son nom», résume un proche. «Il est conscient que nul ne met en cause son intégrité. Les gens le blâment de ne pas avoir vu certaines choses.»

Tenu au secret

M. Tremblay, qui demandait depuis des mois à être entendu, a été déçu de ne pas être convoqué avant la suspension des travaux, il y a deux semaines. Il brûle d'impatience de contredire Martin Dumont, cet organisateur qui a affirmé en octobre dernier que l'ex-maire était au courant du financement occulte de son parti, Union Montréal. Gérald Tremblay a démissionné quelques jours plus tard.

Le témoignage de M. Dumont a été considérablement mis à mal lors de son retour devant la Commission, en janvier.

«M. Tremblay s'est senti victime, il était blâmé sur la place publique sans pouvoir se défendre, explique un ancien collègue de travail. Il avait des informations qu'il ne pouvait communiquer parce qu'il était tenu au secret.»

Quelques jours après sa démission, en novembre, La Presse a rapporté que M. Tremblay avait effectivement été interrogé par les enquêteurs de la commission Charbonneau à huis clos, à la fin de l'été 2012. Ce témoignage s'était cependant révélé peu concluant.

«Il a hâte de passer devant la Commission pour pouvoir donner sa version des faits», indique un ami de l'ex-maire. Un ancien collègue résume crûment la situation: «Il a eu le défaut d'avoir fait confiance à quelqu'un qui l'a fourré ben raide.»

De façon plus prosaïque, celui qui a tenu les rênes de la Ville de 2001 à 2012 «veut aider la Commission à mettre en place des mécanismes pour prévenir de tels actes dans l'avenir», précise un proche. «C'est un homme qui aime grandement Montréal. Ça le désole de voir tout ce qui se passe en ce moment.»