Saint-Léonard est depuis des décennies le fief d'éminents membres de la mafia qui circulent en périphérie de l'hôtel de ville.

En 1991, l'agent Alain Lacoursière, de l'escouade de la moralité de la police de Montréal, fait écho publiquement aux prétentions d'un membre du clan Rizzuto selon lesquelles la mafia contrôlerait la vie politique à Saint-Léonard. Le mafioso avait mis au défi le policier d'obtenir de la municipalité le règlement qui lui permettrait de mettre fin au problème de bars clandestins qui prospéraient à Saint-Léonard.

M. Lacoursière et son équipe multipliaient les descentes dans les bars sans pouvoir y mettre un terme. Contrairement à ce qui se passait dans les villes voisines, il était impossible, après deux condamnations, de fermer définitivement les bars faute d'avoir une réglementation appropriée. Par exemple, un bar fermé pour la 37e fois avait rouvert moins de deux heures après le passage de la police, rapportait alors La Presse.

«La mafia était installée à Saint-Léonard. On le savait parce que je croisais les Cotroni et Rizzuto chaque semaine», se rappelle avec beaucoup d'acuité Alain Lacoursière, retraité du monde policier et reconnu comme un spécialiste du crime dans le milieu de l'art. «On ne savait pas qui faisait quoi à l'hôtel de ville, mais il n'était pas possible d'avoir une «loi du cadenas». Ça, c'était clair.»

À l'époque, l'onde de choc a été immédiate. Le maire Frank Zampino a répliqué qu'il s'agissait d' «affirmations entièrement fausses». «Il a même réclamé des excuses, mais il n'en était pas question pour moi. Eh bien, la direction de la police s'est rendue à l'hôtel de ville et l'a fait!», déplore encore M. Lacoursière, indigné.