Le Parti conservateur affirme qu'il n'a aucun lien avec le collecteur de fonds Bernard Trépanier, soupçonné d'être au coeur d'un stratagème de financement politique occulte. Mais la formation reste très discrète sur son ancien employé, qui a pris la barre des témoins à la commission Charbonneau, hier.

M. Trépanier a été actif pendant de nombreuses années au Parti progressiste-conservateur, à l'époque où Brian Mulroney en était le chef. Il a expliqué hier qu'il a fait ses débuts au parti peu avant les élections de 1984, qui ont porté le parti au pouvoir. Il s'est par la suite retrouvé au cabinet du ministre Benoît Bouchard.

La Presse a rapporté lundi que, selon un lobbyiste de l'époque, M. Trépanier prenait contact avec les firmes de génie-conseil pour réclamer une commission de 3% - même si celles-ci avaient déjà contribué à la caisse du Parti conservateur.

Réponse laconique

Le bureau du premier ministre Stephen Harper a dirigé les questions de La Presse au sujet de M. Trépanier au porte-parole du Parti conservateur, Fred DeLorey. Celui-ci a répondu à nos questions par un courriel d'une phrase.

«Il n'a aucune connexion au Parti conservateur du Canada», a-t-il simplement affirmé.

Depuis quand? À quel moment le Parti conservateur a-t-il été mis au courant des allégations qui pèsent contre M. Trépanier? Ces questions restent sans réponse.

«C'est un peu étonnant d'entendre les gens du Parti conservateur dire qu'il n'y a pas de lien avec M. Trépanier, parce qu'il a travaillé pour des députés conservateurs, il a été un organisateur conservateur, il a fait du financement pour le Parti conservateur», a indiqué le député néo-démocrate Alexandre Boulerice.

Il rappelle qu'en décembre, un enquêteur a déclaré à la commission Charbonneau que M. Trépanier a déjà rencontré Léo Housakos au club 357c, dans le Vieux-Montréal. M. Housakos était alors ingénieur chez BPR. Il a depuis été nommé sénateur par le premier ministre Stephen Harper.

M. Housakos a contredit le témoignage de l'enquêteur et a affirmé ne pas se souvenir d'avoir rencontré M. Trépanier.

Une source a fait valoir hier que le Parti conservateur a changé de fond en comble depuis l'époque où Brian Mulroney le dirigeait. Plusieurs militants et employés issus de l'aile progressiste-conservatrice ont quitté la formation après la fusion avec l'aile réformiste. On souligne d'ailleurs que Stephen Harper a très publiquement coupé les ponts avec son prédécesseur dans le cadre de l'«affaire Airbus» mettant en cause les liens entre l'ancien premier ministre et l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber.

«C'est sûr que M. Trépanier faisait davantage partie de l'ancien Parti progressiste-conservateur que du Parti conservateur de M. Harper, qui ressemble davantage au Parti réformiste, a convenu le député Boulerice. Mais il y a des liens historiques connus et sus de tous avec le Parti conservateur.»