L'entrepreneur Giuseppe Borsellino, président de Construction Garnier, a affirmé mercredi que «ce sont des firmes d'ingénieurs qui contrôlent les contrats» à Laval, un territoire où il n'a jamais pu percer et où tout est «différent» de Montréal.

Il a du même souffle révélé les grandes lignes d'un stratagème de surévaluation des quantités, qui existe au coeur même des appels d'offres préparés par des firmes de génie-conseil.

M. Borsellino a expliqué que certaines données figurant dans ces plans et devis sont faussées, de sorte qu'un entrepreneur non averti «ne peut pas être compétitif». «Son prix va être trop haut.»

«Prenons le roc, par exemple, a-t-il dit hier devant la commission Charbonneau. Dans la réalité, les quantités de roc à excaver sont beaucoup moins importantes que celles qui ont été prévues dans les plans. Pour pénétrer le marché, j'avais baissé mes prix au coûtant. Nous avons perdu de l'argent, parce qu'après la fin des travaux, ils ne nous ont pas payés pour les quantités qui étaient prévues au plan, mais selon celles qui ont été vraiment faites.»

Visiblement irrité par les questions de la Commission, M. Borsellino a reconnu avec beaucoup de réticence qu'il était un bon ami de René Mergl, vice-président de Nepcon, une entreprise qui obtient une bonne part des contrats d'infrastructures de la Ville depuis des années et qui a fait l'objet d'une perquisition par l'escouade Marteau en octobre dernier.

Il a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'a jamais eu de discussions avec M. Mergl sur la façon de faire des affaires avec la Ville de Laval, même si les deux hommes font carrière dans le même domaine, qu'ils sont des amis proches et qu'ils jouent ensemble au golf toutes les fins de semaine.

«Je n'ai pas besoin de lui demander. Je le sais, comment c'est. Il gagne le contrat s'il a les bonnes quantités. Et s'il peut se faire payer ses quantités en extras, il va bien s'en sortir. C'est mon ami, je ne lui parlerais pas de ça», a déclaré M. Borsellino.

«La façon dont il s'y prend, lui et d'autres, c'est que les plans sont préparés selon le même système qu'à Montréal. Il s'arrange avec ses affaires et lui, il va être rémunéré selon les plans soumis.»

M. Borsellino n'a toutefois pas voulu préciser comment M. Mergl «s'arrange avec ses affaires».

Il s'est toutefois montré assez tranchant quant à ses relations avec les ingénieurs. «Je n'ai pas beaucoup de bonnes relations avec des firmes de génie-conseil, a-t-il dit assez sèchement. J'aurais dû développer des relations avec les firmes de génie-conseil. Mais je ne l'ai pas fait.»