Bernard Trépanier veut faire tomber les accusations de fraude qui pèsent contre lui dans le dossier du Faubourg Contrecoeur. Son avocat, Me Daniel Rock, songe à invoquer un abus de procédure parce qu'il est d'avis que son client n'aura pas droit à un procès juste et équitable en raison du «lynchage» dont il est victime devant la commission Charbonneau.

«Il y a des règles qui stipulent que les commissions d'enquête doivent respecter les droits des citoyens. On demande des ordonnances, ils [les commissaires] nous envoient promener. Ça ne marche pas de même», dénonce Me Rock. «Comment peut-il y avoir un procès équitable après qu'on l'eut traîné sur la place publique?», demande-t-il.

La date du procès des neuf accusés dans l'affaire du Faubourg Contrecoeur n'est pas encore fixée, mais on sait qu'il se déroulera devant un jury. M. Rock croit que les 12 jurés risquent d'être contaminés par ce qu'ils entendent à la commission Charbonneau. «Je pense que ça va faire qu'il n'y en aura peut-être pas, de procès. Ils [les commissaires] sont en train de faire une bêtise énorme. Il y a une grosse différence entre une couverture médiatique, comme leur arrestation, et le spectacle télévisé par l'État jour après jour et diffusé juste avant un procès. Ce n'est pas la même chose. On n'est pas en Russie, ici. On est au Canada.»

«Monsieur 3%»

L'ancien responsable du financement d'Union Montréal, surnommé «Monsieur 3%», a reçu une citation à comparaître qui l'oblige à aller témoigner devant la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction. L'avocat a fourni ses différentes disponibilités, mais il ne connaît pas encore la date à laquelle son client sera devant la Commission. M. Trépanier se repose en Floride et sera obligé de rentrer au Québec pour fournir sa version des faits. Il compte dire qu'il n'a jamais eu connaissance d'un système de collusion à Montréal.

Par ailleurs, Me Rock déplore que la commission Charbonneau se concentre presque uniquement sur le financement du parti Union Montréal. Selon lui, l'ingénieur Michel Lalonde, qui a témoigné mercredi et jeudi, était aussi proche des administrations de Jean Doré et de Pierre Bourque. «Lui et son associé, René Séguin, en menaient bien large avec ces deux administrations. Il y a bien du monde qui ne pouvait pas faire des affaires avec la Ville», soutient l'avocat, qui affirme toutefois ignorer si l'attribution des contrats était truquée lorsque MM. Doré et Bourque étaient à la tête de Montréal.