L'avocat de Raynald Desjardins, Me Marc Labelle, a tenté de faire casser l'assignation à comparaître que la commission Charbonneau a signifiée à son client au motif que son témoignage risque d'alimenter injustement son procès pour meurtre.

Accusé d'avoir tué le mafieux Salvatore Montagna, Raynald Desjardins refuse de témoigner devant la Commission. Me Labelle a volontairement renoncé à demander une ordonnance de non-publication de sa requête pour démontrer l'impact que risque d'avoir le témoignage de son client devant la Commission. «Juste à voir la médiatisation de cette simple requête, c'est montrer que son témoignage, ce sera multiplié par 10», a plaidé Me Labelle.

La commissaire a rétorqué qu'elle peut toujours rendre une ordonnance de non-publication pour ne pas nuire à la formation d'un jury impartial à son procès pour meurtre.

Cette idée ne plaît pas à Me Labelle. Il craint qu'une ordonnance de non-publication ne donne l'impression que son client a des choses à cacher. La commissaire a rétorqué que le juge du procès dira aux jurés de ne pas interpréter ce silence.

Me Labelle a ensuite soutenu que le témoignage de Raynald Desjardins risque d'alimenter les procureurs de la Couronne à son procès. Le directeur des poursuites criminelles a en effet obtenu le statut de participant à la Commission et assiste quotidiennement aux audiences. «Si Desjardins rend un témoignage incriminant, la poursuite est là et prend des notes», s'est indigné Me Labelle. «Mais ils ne peuvent s'en servir», a objecté la juge Charbonneau. Les témoins entendus à la Commission bénéficient d'une immunité, leur témoignage ne pouvant servir à les incriminer.

En désespoir de cause, Me Labelle a demandé que son client témoigne à huis clos, c'est-à-dire en l'absence du directeur des poursuites criminelles et de policiers.

Raynald Desjardins est accusé du meurtre de Salvatore Montagna, tué le 24 novembre 2011 dans l'île Vaudry, à Charlemagne, dans Lanaudière.

Après cette requête, la Commission entendra l'entrepreneur Michel Leclerc, propriétaire de Terramex. L'entreprise a perdu le droit d'obtenir des contrats publics après s'être reconnue coupable d'avoir utilisé de fausses factures.