Plus de quatre mois après le début des travaux de la commission Charbonneau, le Parti libéral du Québec (PLQ) va demander le statut de participant. Son chef intérimaire, Jean-Marc Fournier, l'a affirmé ce midi en conférence de presse.

Les démarches en ce sens ont commencé le 1er octobre dernier, dit M. Fournier. Les libéraux avaient jusqu'ici refusé de demander ce statut. Mais les révélations de l'ex-entrepreneur Lino Zambito, qui ont très sévèrement égratigné d'anciens membres du gouvernement libéral et des responsables du financement du parti, les ont fait changer d'idée. 

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L'avocat du PLQ devra faire des recommandations au parti. La même chose a été demandée au directeur général du PLQ, Karl Blackburn, a expliqué M. Fournier. Ce dernier devra notamment «analyser les mécanismes d'autorisation des solliciteurs pour resserrer les contrôles, si nécessaire».



Le témoignage de M. Zambito contenait des «allégations troublantes», a reconnu M. Fournier. Mais il a rapidement essayé de les minimiser. Le chef a rencontré ce matin le directeur général du PLQ, lequel n'a pas réussi à trouver de financement irrégulier ou illégal. M. Fournier en a paru rassuré. Le DG de PLQ lui a «réitéré», a-t-il dit, que le financement du parti s'était «fait correctement».  Il n'y aurait pas eu, selon le DG, de «pratique de prête-nom» ou «d'argent liquide».



Dans son témoignage, M. Zambito a pourtant affirmé le contraire. L'ex-patron d'Infrabec aurait participé à un système de prête-noms afin d'amasser de l'argent pour l'ex-ministre libérale Nathalie Normandeau. Il aurait ainsi recueilli illégalement 110 000$, en majeure partie auprès de firmes de génie-conseil.



Avant son témoignage, dans la phase préparatoire des audiences, les procureurs ont vérifié les allégations de M. Zambito, comme c'est habituellement le cas dans les commissions d'enquête.



M. Fournier soutient pour sa part que la Commission n'en est qu'au début de ses travaux et préfère attend son rapport avant de tirer des conclusions. «Il est à prévoir que d'autres personnes, et des individus mis en cause, témoigneront devant cette commission, en lien avec les allégations. Nous allons laisser la Commission faire son travail. Si les allégations deviennent des faits, il ne devra y avoir, quant à moi, aucune tolérance à l'égard des individus fautifs.»



Son ex-collègue David Whissell, aussi mis en cause dans les révélations de M. Zambito, a été plus cinglant ce matin avec d'autres médias. Il a mis en doute le témoignage sous serment de M. Zambito, qu'il a qualifié de «bandit».



Plus de pouvoirs au DGE ? Le PQ ouvert



En 2010, le gouvernement Charest avait adopté une loi pour contrer l'usage de prête-noms et avait augmenté les pouvoirs du DGE. C'est désormais à lui que les citoyens envoient leurs contributions. Le DGE les achemine ensuite au parti destinataire. Il peut aussi demander à Revenu Québec des renseignements fiscaux sur les donateurs.



Comme l'opposition le pressait de le faire, le gouvernement Charest avait aussi ramené de 3000 à 1000 $ par année le maximum que peut verser un particulier à un parti politique. Mais le gouvernement péquiste et la Coalition avenir Québec veulent aller plus loin. Cette limite doit selon eux être abaissée à 100$. «Le système des prête-noms confirme que les extras et la surfacturation sont utilisés massivement pourfinancer le Parti libéral. C'est précisément ce à quoi on veut mettre fin», a commenté ce matin le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville.



Et si le DGE veut plus de pouvoirs, le gouvernement Marois est ouvert, a ajouté le président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard. «Il n'aura qu'à en faire la demande. Elle sera regardée avec beaucoup de sérieux et on va y donner suite dans les plus brefs délais pour qu'il ait les moyens d'aller plus loin si ses pouvoirs sont limités», a-t-il promis.



Avec La Presse canadienne