Après son témoignage devant la commission Charbonneau, Lino Zambito bénéficie-t-il d'une protection spéciale? Des experts consultés par La Presse n'en voient pas la nécessité dans l'immédiat.

La loi ne confère aucun pouvoir aux commissions d'enquête pour assurer la protection des témoins. Par contre, les commissaires ont certaines options si l'intégrité physique d'un témoin est menacée.

«La juge peut demander à la police une certaine assistance», explique l'expert en sécurité nationale Michel Juneau-Katsuya. La police peut entre autres envoyer une voiture de patrouille devant la maison du témoin, ou encore le déménager.

Les commissaires peuvent aussi inciter le Directeur des poursuites criminelles et pénales à conclure une entente avec le témoin. S'il accepte de parler, il peut bénéficier d'une protection, d'une immunité ou encore d'un allégement des accusations dans des causes pendantes.

Le porte-parole de la commission Charbonneau, Richard Bourdon, n'a pas voulu préciser si une protection physique est offerte à l'ancien entrepreneur en construction Lino Zambito. Jeudi, M. Zambito a décrit le système d'un petit club d'entrepreneurs qui se partageaient les contrats publics de travaux d'égouts à la Ville de Montréal. Il a affirmé qu'il versait à la mafia une cote de 2,5% de la valeur de ses contrats.

Selon les experts consultés par La Presse, Lino Zambito n'a pas vraiment besoin d'être protégé, parce que sa vie n'est pas réellement en danger.

Lino Zambito dénonce les dérives dans le milieu de la construction depuis plusieurs mois, rappelle André Cédilot, ex-chroniqueur judiciaire à La Presse et coauteur de Mafia inc. «Si la mafia voulait s'en prendre à lui, ce serait déjà fait», dit-il. Il ajoute que son témoignage ne fait ni plus ni moins que corroborer des faits que la Commission avait déjà dévoilés sur bande vidéo.

Richard Dupuis, ancien inspecteur à la division du renseignement de la police de Montréal, est du même avis. «Il a parlé de la mafia au sens large, estime-t-il. Si la Commission et le grand public se satisfont de son témoignage, c'est même gagnant pour le crime organisé.»