Deux employés de deux firmes de la région de Québec se seraient spécialisés dans les réclamations au ministère des Transports (MTQ) et empocheraient une commission de 10% des «extras» touchés, dit avoir découvert l'Unité anticollusion (UAC). L'une des entreprises, Neilson, appartient à la famille de Franco Fava, collecteur de fonds du Parti libéral du Québec. L'autre, EBC, nie catégoriquement être mêlée à un tel stratagème.

«Un de nos collaborateurs a identifié deux personnes de deux firmes qui se sont spécialisées à ne faire que ça, chercher des failles dans les plans et devis pour demander des avenants. Elles sont soupçonnées d'être payées 10% sur les avenants», a révélé lundi Annie Trudel, agente de renseignement à l'UAC. Hier, l'enquêteur Martin Morin a identifié le duo, soit l'ingénieur Pierre Bédard, de la firme Neilson, et Michel Marchand, d'EBC.

«Il n'y a personne qui travaille exclusivement à trouver des failles dans les devis», a assuré Martin Houle, vice-président aux finances et à l'administration et secrétaire général d'EBC. L'entreprise nie même avoir déjà employé Michel Marchand. M. Houle dit qu'il travaillait plutôt pour Neilson, avec qui EBC a déjà formé des consortiums, notamment pour des projets d'Hydro-Québec dans le Nord québécois. «Son mandat était la gestion du projet et non pas de rechercher des motifs de réclamations», se rappelle-t-il.

EBC assure que les dossiers de réclamations sont étudiés au cas par cas, seulement si les travaux réalisés vont bien au-delà de ce qui était prévu dans la soumission. Il souhaite d'ailleurs que la Commission examine chaque dossier avant de conclure à l'abus.

Quant à Neilson, nous avons tenté de joindre Pierre Bédard, mais on nous a répondu qu'il était en congé de maladie. Impossible de parler à un de ses supérieurs.

Franco Fava, dont la famille possède Neilson, s'était trouvé au coeur de la commission Bastarache sur la nomination des juges. L'ancien ministre de la Justice Marc Bellemare avait notamment affirmé que l'entrepreneur l'avait forcé à nommer juge le fils d'un important organisateur libéral, mais le rapport final avait rejeté les «pressions colossales» que l'avocat de Québec disait avoir subies.

La société EBC a déposé en juillet 2011 une poursuite de 30 millions contre le MTQ pour les coûts additionnels qu'elle a dit avoir eu à payer lors des travaux d'élargissement de la route 175, dans la réserve faunique des Laurentides. L'entreprise travaille actuellement sur le chantier du CHUM.

-Avec la collaboration d'Annie Morin, Le Soleil