La FTQ-Construction craint que la Commission Charbonneau ne porte un blâme à son égard ou à l'endroit d'un de ses syndicats affiliés, ce qui a amené son représentant à réclamer le statut de participant pendant les audiences publiques.

Au total, 15 organismes et 6 personnes, dont le maire de Mascouche, Richard Marcotte, réclament un statut d'intervenant ou de participant. Parmi eux: des syndicats, des associations d'entrepreneurs en construction et des ordres professionnels.

La juge France Charbonneau, qui dirige la Commission d'enquête sur l'industrie de la construction, leur a accordé 15 minutes chacun pour faire valoir leur requête, lundi. Elle leur demandait d'aller droit au but. Les débats ont été si rondement menés qu'à midi, ils étaient terminés. Mme Charbonneau fera connaître ses décisions jeudi.

Les avocats des organismes ou des personnes qui auront le statut de participant pourront contre-interroger les témoins qui seront appelés à la barre par les procureurs de la Commission. Ils pourront aussi assigner leurs propres témoins. Cette participation peut être intéressante, mais elle peut aussi gruger un temps précieux. Les intervenants, eux, devront se contenter de suggérer des questions aux procureurs de la Commission.

«La FTQ-Construction pourrait faire l'objet d'un blâme», a déclaré Me Robert Laurin, au nom de cet organisme qui regroupe plusieurs syndicats d'ouvriers, spécialisés ou non. Si un témoin parle contre la FTQ-Construction, celle-ci veut pouvoir le contre-interroger directement, plutôt que de suggérer des «questions thématiques» aux procureurs de la Commission, a-t-il dit.

«Il est important qu'on puisse se défendre», a martelé Me Laurin, qui a fait allusion aux reportages critiques envers la FTQ-Construction et ses affiliés, diffusés depuis trois ans. Le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (international), qui représente notamment le local 144 des plombiers, a fait une demande similaire.

Parmi les groupes patronaux, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec a également demandé un statut de participant. Son avocat, Me Denis Houle, a fait valoir que les entreprises qu'elle représente exécutent la majorité des grands contrats publics, que ce soit dans la construction de routes ou de barrages.

«On veut établir qu'il y a des gens de bonne foi (parmi les constructeurs), des gens qui, comme le rapportait Jacques Duchesneau dans son rapport, souffrent de la réputation qui affecte l'industrie.

«Le rapport Duchesneau disait que des entrepreneurs sont acculés à la faillite parce qu'il y a de la collusion, de la corruption, et que ces gens-là ne sont plus en mesure de bénéficier d'une libre concurrence», a déclaré Me Houle, qui tient lui aussi à défendre leurs intérêts.

Les autres organismes qui demandent un statut de participant sont l'Association de la construction du Québec, le Procureur général du Québec, l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec, le Barreau du Québec, Hydro-Québec, le syndic de l'Ordre des ingénieurs du Québec, le Parti québécois et la Ville de Montréal.

Les organismes suivants réclament un statut d'intervenant: le Directeur général des élections, l'Ordre des ingénieurs du Québec, Québec Solidaire et l'Union des municipalités du Québec.

L'avocat du maire de Mascouche, Richard Marcotte, a expliqué à la juge Charbonneau et au commissaire Renaud Lachance que son client voulait pouvoir participer aux travaux de la Commission seulement lorsqu'il sera question de la Ville de Mascouche... si jamais il en est question. Le maire Marcotte a été arrêté par l'escouade Marteau, ce printemps, et accusé de fraude, complot, abus de confiance et acceptation de pot-de-vin.

Les autres personnes qui demandent le statut de participant ne se sont pas présentées hier matin. Il s'agit de Ginette Blouin, André et Catherine Krysiewski, Pierre Sénéchal et Louise Maranda.

La juge Charbonneau fera connaître ses réponses à 14h jeudi, mais il est possible que les motivations des commissaires ne soient diffusées que plus tard. Les témoignages commenceront le lendemain, vendredi, et se poursuivront jusqu'à l'été.

Dans un premier temps, des experts de divers ministères - au premier chef celui des Transports - viendront expliquer le mode d'octroi des contrats publics. Jacques Duchesneau, lui, témoignera du 18 au 22 juin sur le rapport de l'Unité anti-collusion, qu'il a signé et qui a mené à la création de la Commission Charbonneau.