Marc Bellemare maintient qu'il a rencontré le premier ministre Jean Charest, le 2 septembre 2003, malgré le fait que les libéraux aient produit des documents montrant qu'il a participé à une réunion de militants au même moment.

L'ex-ministre de la Justice a reconnu, dans une émission de télévision diffusée dimanche, qu'une réunion de militants avait eu lieu quelques minutes avant qu'il se rende à l'édifice où se trouve le cabinet de M. Charest.

Mais M. Bellemare a affirmé qu'elle s'était justement tenue à quelques kilomètres seulement de distance, de manière à ce qu'il puisse quitter rapidement après avoir salué les militants pour aller rencontrer le premier ministre.

«J'ai salué les gens de l'exécutif, qui étaient en réunion, ils étaient 13 cette journée là et j'ai quitté pour aller à la réunion avec M. Charest, a-t-il dit. D'ailleurs, volontairement la réunion de l'exécutif s'est tenue à quelques kilomètres du parlement, pour faciliter mon déplacement.»

M. Bellemare a admis que des copies de procès-verbaux de cette réunion de l'exécutif de l'association libérale de la circonscription de Vanier ne font aucune mention de son départ hâtif, le 2 septembre 2003, alors qu'une mention à cet effet a été consignée dans les minutes d'une réunion qui a suivi ce même automne, il y a sept ans.

Mais l'ex-ministre de la Justice n'a pas été en mesure de dire pourquoi son départ n'a pas été pris en note dans le procès-verbal de la fameuse soirée.

«Avec tout le respect que j'ai pour l'exécutif de Vanier, quand t'as une rencontre avec le premier ministre, tu y vas», a-t-il dit.

Cette rencontre du 2 septembre 2003 est au coeur des allégations de trafic d'influence de M. Bellemare, puisqu'il soutient avoir informé sans succès M. Charest des pressions qu'il subissait de deux collecteurs de fonds libéraux dans la nomination des juges.

De passage à l'émission Tout le monde en parle, diffusée à Radio-Canada, M. Bellemare a ainsi réagi aux nombreux rebondissements qui ont marqué cette semaine la commission Bastarache, qui a examine ses allégations.

M. Bellemare a affirmé dimanche que son agenda, déposé en preuve la semaine dernière, indique que la réunion avec les militants a commencé à 19h et qu'elle était suivie, à 19h30, d'une rencontre avec le premier ministre.

Lors de son témoignage devant la commission, M. Charest a nié formellement que cette rencontre a eu lieu. Pour prouver ses affirmations, il a produit son agenda, où le dernier engagement se terminait à 19h30.

Dans l'entrevue diffusée dimanche, M. Bellemare a accusé M. Charest de l'avoir présenté comme «un débile mental», lorsqu'il a témoigné devant la commission Bastarache, de façon à la discréditer.

L'ex-ministre de la Justice, qui a démissionné en avril 2004 après un an au gouvernement, a soutenu que le premier ministre avait apprécié son travail, jusqu'à ce qu'il dévoile, au printemps dernier, les pressions dont il a été l'objet.

«À partir du moment où j'ai commencé à parler contre la famille, la gang, le Parti libéral, je suis devenu taré», a-t-il dit.