L'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, se souvient bien d'être allé en soirée «serrer des mains» à la réunion de l'exécutif de son comté de Vanier le 2 septembre 2003. Cette activité n'est en rien incompatible avec sa rencontre avec le premier ministre Jean Charest, plus tôt en soirée, les deux endroits sont si proches que l'ancien ministre de la Justice a facilement pu se déplacer entre les deux points, et rencontrer ses militants après avoir vu le premier ministre.

Rénald Beaudry, le procureur de Me Bellemare, voulait désamorcer rapidement ce matin rapidement la «bombe» lancée du côté du Parti libéral du Québec pour discréditer le témoignage de son client.

L'avocat du Parti libéral du Québec, André Dugas, a indiqué dès l'ouverture des audiences jeudi, qu'il voudrait que le juge Bastarache puisse entendre des membres de l'exécutif du comté de Vanier présents à cette réunion. La tenue de cette réunion était connue depuis le début des audiences, mais le procureur Dugas a creusé davantage la réunion du 2 septembre quand Me Bellemare l'a mis en relief dans son témoignage.

Le procès verbal de la réunion -la pièce versée au dossier au début des audiences- parle de la présence de 13 personnes à cette rencontre mais on ne précise pas si le ministre-député était présent.

En coulisses, on indique que les témoins que compte amener le PLQ indiqueront que le ministre Bellemare a passé passablement de temps à cette rencontre et ne s'était pas contenté d'un passage de courtoisie. Selon le procès verbal, la réunion se passait de 19 h 30 à 21 h. Toutefois, il n'y aurait aucune trace documentaire prouvant la durée de cette participation.

On sait que Me Bellemare a indiqué qu'il aurait révélé ce soir-là à Jean Charest dans son bureau qu'il était l'objet de pressions importantes de Franco Fava, un bailleur de fonds du PLQ pour la nomination de certains candidats libéraux à la magistrature. Ce soir-là, M. Charest lui aurait dit sans équivoque : «si Franco te dit de les nommer, nomme-les».

Or, cette rencontre ne figurait pas dans l'agenda du premier ministre Charest -qui prévoyait ce jour-là une réunion destinée à préparer le conseil des ministres du lendemain, une rencontre prévue jusqu'à 19 h 30. Pour M. Charest, «cette rencontre n'a pas eu lieue».

Mais, dans un coup de théâtre cette semaine, l'épouse de Me Bellemare avait découvert dans une boîte de souvenirs une disquette où se trouvait une copie de l'agenda de l'ex-ministre durant l'année de son séjour à la Justice. Jusqu'ici cette pièce documentaire faisait cruellement défaut à Me Bellemare. Cet agenda déposé à la commission parlait d'une rencontre avec M. Charest à 19 h 30. L'ex-ministre a dit que ce face-à-face déterminant avait duré près de 1 h 30 ce qui rendrait bien problématique sa présence aux activités du PLQ de Vanier ce soir-là.

Cette découverte d'une disquette quasi-providentielle, à minuit moins cinq pour les travaux de la commission, avait soulevé bien de l'incrédulité au sein de la commission Bastarache -un scepticisme transmis par le porte-parole Guy Versailles agacé mercredi de devoir gérer «la boîte à surprise».