L'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare a trouvé en fin de semaine une trace de sa rencontre avec Jean Charest survenue le 2 septembre 2003.

Sur une disquette, il avait une copie de son agenda qui couvre la période comprise entre le 5 mai 2003 et le 30 avril 2004, moment de sa démission.

Selon son procureur, Rénald Beaudry, on y retrouve -inscrite à la date du 2 septembre 2003- une rencontre avec le premier ministre Charest en début de soirée, «vers 19 h 30» a-t-il soutenu.

Cette disquette a été retrouvée par l'épouse de Me Bellemare, la bâtonnière de Québec, Lu Chan Khuong, qui devrait venir témoigner demain devant la commission pour expliquer les circonstances de cette découverte.

La rencontre du 2 septembre est centrale dans les allégations de Marc Bellemare, c'est à ce moment que l'ex-ministre aurait saisi le premier ministre au sujet des pressions «colossales» exercées sur lui par le financier libéral Franco Fava pour obtenir la nomination de candidats à la magistrature.

L'existence de cette rencontre déterminante n'était pas appuyée par des pièces documentaires jusqu'ici. Elle n'apparaît pas à l'agenda de Jean Charest, qui prévoit entre 17 h 30 et 19 h 30  la réunion hebdomadaire destinée à préparer le conseil des ministres du lendemain.

Me Beaudry a déposé ce matin la disquette où se retrouve la copie de l'agenda. Elle doit être vue par les procureurs de la commission qui en élagueront les parties non pertinentes aux travaux de la commission Bastarache.

En matinée l'ancien chef de cabinet de M. Charest, Stéphane Bertrand est venu témoigner qu'il ne se souvenait absolument pas de problèmes particuliers avec les nominations de juges. Si Me Bellemare avait soulevé qu'il était victime de pressions, le premier ministre Charest lui en aurait parlé à coup sûr, indique-t-il.

En plus de cette rencontre cruciale du 2 septembre 2003, l'agenda de Me Bellemare colligé a l'époque par sa secrétaire au cabinet de la Justice rapporte aussi deux rencontres avec Franco Fava. Jusqu'ici seulement Marc Bellemare se souvenait de ces rencontres sans qu'on ait trouvé de traces documentaires. C'est dans ces face-à-face, selon M. Bellemare que M. Fava avait exercé des représentations intenses pour que le juge Marc Bisson, le fils d'un organisateur libéral, soit nommé comme juge à Longueuil.