La cote du Parti libéral du Québec plonge encore et la majorité des Québécois souhaitent que Jean Charest quitte son poste de premier ministre. Et plus tôt que tard, estiment ceux qui pensent qu'il devrait passer la main, même s'il n'a pas de successeur évident.

Selon Angus Reid, 56% des Québécois pensent que Jean Charest devrait quitter son poste, quand on leur pose explicitement la question. Selon Jaideep Mukerji, vice-président de la firme de sondage, l'insatisfaction à l'égard de M. Charest est au même niveau qu'au mois d'août, quand le sondeur avait mis de l'avant une série de personnalités politiques et demandé si elles devaient quitter leur poste ou rester -66% des gens avaient alors souhaité le départ de M. Charest. «La tendance est la même: une majorité de gens veulent qu'il parte, seulement 24% veulent qu'il reste», résume le spécialiste. Chez les électeurs libéraux, 55% pensent que M. Charest devrait rester, alors que 28% de ceux qui ont voté pour le Parti libéral en 2008 estiment qu'il devrait plutôt jeter l'éponge.

Pour M. Mukerji, ce résultat dépasse la controverse sur la nomination des juges. «Il y a les inquiétudes sur les perspectives économiques, l'environnement, on vient tout juste d'enlever le ticket modérateur en santé qui était très impopulaire», explique-t-il.

Désormais, 26% des gens auraient voté pour le PLQ si des élections avaient eu lieu cette semaine, contre 40% pour le Parti québécois. C'est une augmentation d'un point pour le parti de Pauline Marois, en deçà de la marge d'erreur, mais une baisse significative de cinq points pour le PLQ. Autre source d'inquiétude pour les libéraux, ils ne parviennent pas à conserver l'appui des citoyens qui ont voté en leur faveur en décembre 2008. Ainsi, 81% de ces électeurs se disaient prêts à voter de nouveau pour les libéraux en août, mais cette proportion est de 67% un mois plus tard. Le sondage montre aussi que l'ADQ obtient un point de plus à 12% dans les intentions de vote et que Québec solidaire grimpe de deux, à 10%. Les verts piétinent à 8%.

Le sondeur a scruté les réponses de ceux qui croient que M. Charest doit quitter son poste. Selon 50% d'entre eux, il devrait partir «immédiatement» et 41% sont d'avis qu'il doit jeter l'éponge dans «les prochains mois». Seulement 7% optent pour «la fin de son mandat», qui peut s'étendre jusqu'en 2013.

Résultats prévisibles

De tels résultats sont prévisibles quand on constate que 62% des gens font peu ou pas du tout confiance à Jean Charest pour «rétablir la confiance des citoyens envers son gouvernement». Seulement 16% des répondants le croient désormais capable de renverser la vapeur.

Selon le spécialiste d'Angus Reid, M. Charest aura probablement une certaine marge de manoeuvre, car personne ne domine clairement dans la liste des successeurs potentiels. Les résultats du sondage indiquent que parmi une liste de personnalités connues, l'ancien ministre fédéral Denis Coderre arrive en tête avec 13%, contre 7% pour Nathalie Normandeau, candidate «naturelle». Jean Lapierre, animateur bien connu, devance même Mme Normandeau de deux points dans l'ensemble de l'électorat. Les libéraux Jean-Marc Fournier et Raymond Bachand ont des résultats embarrassants, à 4% et 3%. Même une outsider comme Monique Leroux du Mouvement Desjardins obtient les mêmes appuis.

Si on ne tient compte que des électeurs libéraux, le portrait se clarifie. Cette fois, Mme Normandeau et Denis Coderre sont sur un pied d'égalité à 13%, suivis de Jean Lapierre à 9%.

Plus suivi que le CH

Michel Bastarache ou Carey Price? La réponse pourrait être surprenante. Les Québécois ont davantage suivi les audiences de la commission Bastarache sur la nomination des juges que les matchs préparatoires de la sainte Flanelle. Ainsi, 47% des gens ont soutenu avoir suivi «d'assez près ou de très près» les travaux de la Commission contre 53% qui y ont prêté peu d'attention. La nouvelle saison du Canadien a mobilisé l'attention de 36% des gens.

L'intérêt pour la commission Bastarache augmente avec l'âge - 34% des jeunes l'ont suivie, contre 66% des plus de 55 ans. L'allégeance politique a aussi été un facteur: les libéraux ont été assidus dans 52% des cas, contre 60% des péquistes et de adéquistes.