Alors que son témoignage devant le commissaire Bastarache est très attendu, Jean Charest prévient qu'il sera sans «grande surprise» ou «feu d'artifice». Le premier ministre ne se formalise guère des sondages qui démontrent que les Québécois mettent en doute sa crédibilité. Il continue de croire que la mise sur pied de cette commission d'enquête était «la bonne décision à prendre».

À l'issue d'une réunion de ses députés, hier, Jean Charest a confirmé qu'il prolongerait le mandat de la commission Bastarache, qui devait prendre fin le 15 octobre. La Commission n'a pas encore fait officiellement de demande en ce sens, mais il était «assez clair» depuis un moment déjà, selon le premier ministre, que le juge Bastarache allait avoir besoin de plus de temps pour accomplir sa tâche.

Au cours de sa conférence de presse, en dépit de l'insistance des journalistes, M. Charest s'est abstenu de commenter les travaux de la Commission, contrairement à ce qu'avait fait son whip en chef, Pierre Moreau, la veille.

Rappelons que, le 25 août, à la suite du premier jour du témoignage de son ancien ministre de la Justice Marc Bellemare, M. Charest s'était empressé de tenir une conférence de presse pour tout nier. Le commissaire Michel Bastarache venait pourtant de demander aux parties, dans sa déclaration d'ouverture, de limiter leurs interventions au sujet des travaux. Il a dû réitérer le «souhait pressant» que la règle soit respectée à la suite de la sortie de M. Charest.

»Expliquer simplement les choses»

Au sujet de son témoignage à venir, le premier ministre s'est contenté de dire qu'il entend donner sa version «très ouvertement», «expliquer simplement les choses comme elles sont et répondre aux questions».

«Je ne veux pas prendre de l'avance sur ce que je vais dire à la commission Bastarache, mais ne vous attendez pas à de grandes surprises» ou à des «feux d'artifice», a-t-il ajouté. M. Charest adoptera donc un style différent de Marc Bellemare, qui a ponctué son témoignage de déclarations fracassantes.

Quant aux sondages qui laissent voir que les Québécois jugent Marc Bellemare plus crédible ou que son gouvernement est impopulaire, il affirme: «Je vis bien avec ça. J'en ai vu beaucoup, des sondages. J'en ai vu qui étaient très bons, puis j'en ai vu de moins bons. Je connais assez la politique pour savoir que ce n'est pas le jugement d'une seule journée ou d'une seule période qui compte. C'est sur une période qui est celle du mandat du gouvernement qu'on est jugé, sur les résultats.»

Le premier ministre ne regrette pas d'avoir mis sur pied la commission Bastarache: «J'estimais, et je continue d'estimer, que c'était extrêmement important de faire la lumière sur les allégations de M. Bellemare compte tenu de leur gravité, et que c'était la bonne décision à prendre. Je me sens très à l'aise avec ça.»