Bien que le commissaire Michel Bastarache ait à plusieurs reprises demandé aux intervenants - et particulièrement aux libéraux - de ne pas commenter les travaux de la commission qu'il préside, le whip en chef du Parti libéral, Pierre Moreau, en a rajouté hier matin.

Il a minimisé l'importance de la preuve que pourrait constituer le registre des visiteurs au bureau du premier ministre. «Quelle aurait été l'utilité de savoir qu'une personne a franchi la porte à un moment donné, sans savoir ce qui a été fait de l'autre côté de la porte?» a-t-il demandé peu avant la réunion des députés libéraux.

M. Moreau s'est toutefois montré plus discret quant à l'expertise sur les notes de Marc Bellemare. «La Commission est maître de sa procédure, c'est elle qui choisit les éléments mis en preuve. Je ne spéculerai pas sur un témoignage d'expertise.»

Le préfet de discipline du PLQ a aussi laissé entendre que c'est Marc Bellemare qui a le fardeau de la preuve. «Ce sont ses allégations. Si c'était vos allégations, vous auriez probablement le même fardeau. On ne doit pas y voir un déséquilibre. Quand on s'avance sur la place publique de façon volontaire, et quand on a détenu des positions aussi importantes que celles de M. Bellemare, on doit s'attendre à ce que les gens nous posent des questions sur des allégations qu'on veut être des allégations-chocs», a-t-il avancé.

Remontrances

Dans sa déclaration d'ouverture, le commissaire Bastarache avait demandé aux parties de limiter leurs interventions au sujet des débats de la Commission. Il a réitéré le 26 août le «souhait pressant» que les intervenants «restreignent leurs interventions publiques dans l'unique but de faciliter la bonne marche des travaux». Ses remontrances s'adressaient à Jean Charest, qui avait infirmé les allégations de Marc Bellemare devant les médias.

À la demande du commissaire, les procureurs se sont rencontrés hier après-midi pour discuter des déclarations publiques. Même s'ils ont reconnu l'importance de ne pas discuter de la preuve ou des témoignages, ils n'ont pas réussi à s'entendre sur la fin complète des commentaires.

La Commission dénoncée

Pendant ce temps, l'opposition continue de dénoncer la Commission. «On s'enfarge dans les fleurs du tapis avec des détails burlesques», a déploré hier Gérard Deltell, chef de l'ADQ. La chef du PQ, Pauline Marois, a quant à elle qualifié la commission de «ridicule», mercredi.

Le nouveau ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a dit regretter ces critiques: «Pour que la Commission puisse faire rapport avec le plus d'indépendance possible, il faut la laisser faire ses travaux. Il faut éviter de lui faire porter des quolibets du type de ceux prononcés hier par Mme Marois. (...) On ne l'a pas vue de l'été, elle est allée parler de séparation pendant une semaine en Europe et, à son retour, elle s'assoit sur la chaise de M. Bastarache pour porter son jugement elle-même.»