L'influence présumée de l'entrepreneur en construction Franco Fava se trouve au coeur de l'enquête de la commission Bastarache sur le processus de nomination des juges. L'ancien ministre de la Justice Marc Bellemare affirme que M. Fava, grand argentier du Parti libéral du Québec, avait un fort pouvoir de persuasion auprès du premier ministre Jean Charest. Jusqu'à maintenant, la grande majorité des Québécois n'avaient jamais entendu parler de lui. Voici les faits saillants de sa biographie.

13 juillet 1949

Naissance de Franco Fava en Calabre, une région du sud de l'Italie.

1951

Son père, Dante, débarque au Québec.

1958

Dante Fava fait venir sa femme et ses enfants, dont Franco, au Canada. La famille s'installe à Québec.

1963

Dante Fava crée une entreprise de travaux publics.

1974

Franco Fava devient membre du Barreau après des études en droit à l'Université McGill et en commerce à l'Université Concordia.

1975

Il est avocat associé dans le cabinet Desrivières, Vermette, Thivierge, à Québec.

1983

Il rachète l'entreprise de son père, Neilson inc., avec ses frères Jean et Mario. La même année, il reçoit un appel de Tommy D'Errico, président de la société de construction Beaver Asphalte. M. D'Errico lui demande de collaborer à la campagne de Robert Bourassa au Parti libéral du Québec (PLQ).

1985

Le PLQ est élu. L'une des premières mesures du gouvernement libéral est de soustraire des milliers d'hectares au zonage agricole, notamment à Laval. Tommy D'Errico est trésorier du PLQ. Les médias révèlent que son entreprise profite du dézonage des terres. Il a eu une rencontre secrète avec le président de la Commission de protection du territoire agricole. Il abandonne ses fonctions militantes. Vingt-cinq ans plus tard, le pouvoir d'influence de certains entrepreneurs en construction reviendra hanter le PLQ.

1987

Franco Fava est nommé au conseil d'administration de la Commission de la santé et de la sécurité du travail, en tant que représentant patronal. Il sera aussi nommé au conseil d'administration de la Société générale de financement. À la même époque, il devient le grand argentier du PLQ pour l'est du Québec. Il épaule le ministre Marc-Yvan Côté, organisateur du parti dans la même région. Il organise des tournois de golf et des cocktails de financement. Ses activités de collecte de fonds rapportent jusqu'à 300 000$ par année dans les coffres du PLQ. Chaque année, Robert Bourassa l'invite à une partie de pêche.

1994 et les années suivantes

Le Parti québécois reprend le pouvoir. Franco Fava perd son poste à la SGF, mais reste à la CSST. Il est président du comité des relations du travail de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, un puissant lobby. Son entreprise, Neilson, insiste pour avoir sa part de contrats publics.

2003 et les années suivantes

Élection du gouvernement libéral de Jean Charest. Neilson remporte un contrat de 200 millions de dollars avec la firme EBC pour la construction de la centrale hydroélectrique Péribonka, un contrat de 20 millions pour la dérivation de la rivière Rupert, deux contrats totalisant 39 millions pour le prolongement de l'A-50 (autoroute de l'Outaouais), etc. Neilson cède un de ses contrats de l'A-50 à la firme ABC, dont l'ex-ministre du Travail, David Whissell, est copropriétaire par l'entremise d'une fiducie. Les Placements Fava sont aussi le principal actionnaire du Groupe Macadam, autre entreprise de travaux publics.

2008

Franco Fava démissionne de Neilson et de la CSST. Il reste membre du Barreau.

Août 2010

Marc Bellemare affirme à la commission Bastarache que, en 2003, Franco Fava a fait des pressions pour que des avocats proches du PLQ soient nommés juges. Selon lui, M. Fava a eu l'oreille attentive du premier ministre Jean Charest parce qu'il rapporte beaucoup d'argent à la caisse du parti. MM. Charest et Fava nient catégoriquement ces allégations. Ils comparaîtront d'ici peu devant la commission Bastarache.