Le premier ministre Charest estime qu'il est bien prématuré de tirer des conclusions après quelques heures seulement d'audiences de la commission Bastarache, où seul l'ancien ministre Marc Bellemare a eu jusqu'ici la chance de se faire entendre.

A l'évidence fatigué à l'entrée de la réunion spéciale du caucus libéral destinée à préparer la rentrée parlementaire, M. Charest a rappelé qu'il allait lui-même témoigner devant l'ancien juge de la Cour suprême et a demandé d'attendre avant de tirer des conclusions sur les affirmations de Marc Bellemare. Un ancien sous-ministre de la Justice, George Lalande, avait corroboré en partie les révélations de M. Bellemare, hier, en soutenant que le trafic d'influence «n'était pas une fiction». «M. Lalande aura l'occasion d'aller témoigner sous serment comme les autres» a dit M. Charest.

Selon lui, il faut «laisser la commission Bastarache faire son travail». Il estime ne pas avoir transgressé les ordonnances du commissaire en commentant publiquement les révélations de Me Bellemare dès le premier jour des audiences, mardi.

«Je me réserve le droit si je pense que les circonstances l'exigent, d'intervenir. L'autre jour, j'ai dit des choses que j'avais déjà dites». Il a refusé catégoriquement de commenter les sondages indiquant que, massivement, la population croyait davantage Marc Bellemare que le premier ministre.

A l'entrée de la réunion du caucus, députés et ministres, clairement avaient eu le mot d'ordre de minimiser les révélations de l'ancien ministre Bellemare. Ce dernier, sous serment, avait soutenu que le premier ministre lui avait ordonné de nommer des candidats à la magistrature parce que c'était le souhait d'un important ramasseur de fonds du PLQ à Québec, Franco Fava.

De manière prévisible, les députés ont accordé une longue ovation à leur chef  au début de la réunion. Pour David Whissell, ancien ministre, «il ne fait pas de doute que M. Bellemare est dans l'erreur. La commission ne fait que commencer. Il ne faut pas tirer les conclusions en ce moment, on verra plus tard. M. Charest a toute ma confiance et entre lui et M. Bellemare je sais lequel des deux est le plus crédible», a déclaré le député Whissell. «Je sens que M. Bellemare commence à être beaucoup dans les contradictions», a-t-il conclu.

Pierre Moreau, député de Châteauguay, souligne : «Je ne me souviens pas de m'être formé une opinion après l'audition du premier témoin». Pour cet avocat, une règle de base existe en droit : «audit alteram partem, il faut entendre toutes les parties». «Il y a 40 témoins. On en a pour tout le mois de septembre et une partie d'octobre. Poser un jugement aujourd'hui c'est largement prématuré.»