Contrairement à son successeur Gilles Duceppe, l'ancien chef bloquiste Michel Gauthier a vivement appuyé le projet de charte de laïcité. Et l'essentiel de son argumentaire a été repris plus tard en journée par Pour les droits des femmes du Québec, un nouveau groupe féministe.

«Je ne suis pas en accord avec M. Duceppe, avec Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry», a lancé l'ex-chef bloquiste et ancien député péquiste.

Il appuie l'interdiction du port de signes religieux pour tous les employés de l'État. Mais se disant «sensible» au vif débat et aux craintes d'employés qui pourraient perdre leur emploi, il propose un «compromis». On donnerait une «grande période de grâce» aux fonctionnaires actuels. L'interdiction n'entrerait en vigueur immédiatement que pour les nouveaux employés.

M. Gauthier s'est montré particulièrement irrité par le «légalisme» de certains critiques de la charte, comme le Barreau du Québec. Il ne croit pas qu'on doive prouver, comme l'exige la jurisprudence, que les signes religieux posent présentement problème pour les interdire. «Il ne faut pas attendre que des situations conflictuelles se produisent pour agir.»

Selon lui, la liberté de religion ne garantit pas forcément le droit de porter un signe religieux. C'est plutôt un «choix». «On va-tu cesser d'élever les choix personnels des gens au rang des libertés fondamentales? On ne peut pas dire que tous les choix que tu fais dans ta pratique sont des libertés fondamentales», a-t-il lancé.

M. Gauthier a directement ciblé l'islam et les femmes voilées dans la fonction publique. Le problème se poserait surtout à cause de l'immigration maghrébine, croit-il. Et selon «tous les plus grands spécialistes», le voile n'est pas exigé dans le Coran. «La situation est loin d'être critique, mais la tendance (dans la fonction publique) est cependant très visible», a-t-il soutenu.

Et pourquoi ces signes religieux poseraient problème? La liberté de conscience et de ne pas croire inclurait le droit de «ne pas être confronté à la religion». Ce serait particulièrement vrai pour les enseignants, qui exercent une autorité morale auprès de jeunes influençables.

Il veut aussi interdire le port de signes religieux pour compléter la Révolution tranquille. Françoise David de Québec solidaire a rappelé que les enseignantes et infirmières ont elles-mêmes choisi de retirer leurs signes religieux dans les années 60 et 70, sous l'influence du concile Vatican II. Aucune loi ne les y obligeait. Pourquoi ne pas laisser les femmes voilées suivre le même cheminement? «Je crois qu'il faut parfois aider la nature. Ces gens-là ont besoin d'être aidés», a répondu M. Gauthier.