Ça y est: le frère André est le premier homme né au Canada à devenir saint. Le pape Benoît XVI a officialisé sa canonisation hier, devant une foule de pèlerins réunie au Vatican. La messe a également trouvé écho à Montréal: de nombreux fidèles se sont rassemblés au petit matin à l'oratoire Saint-Joseph, fondé par le frère André lui-même.

C'est fait, le frère André est désormais un saint aux yeux de l'Église catholique et de ses fidèles.

Le pape Benoît XVI l'a officialisé hier matin à l'occasion d'une cérémonie de canonisation empreinte de solennité qui s'est déroulée sur la place Saint-Pierre, à Rome, devant plusieurs dizaines de milliers de pèlerins, dont plusieurs milliers de Québécois.

Cinq autres religieux provenant d'Italie, d'Espagne, de Pologne et d'Australie ont été élevés au rang de saint à la même occasion par le souverain pontife, qui a navigué entre plusieurs langues pour se faire entendre du plus grand nombre.

«Laissons-nous attirer par ces exemples lumineux, laissons-nous conduire par leurs enseignements, afin que notre existence soit un cantique de louange à Dieu», a déclaré le pape, qui est arrivé dans un véhicule motorisé au pied de l'autel, derrière un cortège de célébrants tous vêtus en blanc.

Écran géant

D'interminables rangées de chaises avaient été placées pour les pèlerins au milieu de la place, mais elles n'ont pas suffi à la demande. Des milliers de personnes ont dû se masser sur les côtés pour suivre la célébration sur écran géant.

Ne voulant prendre aucune chance, plusieurs pèlerins se sont rendus à la place Saint-Pierre deux heures à l'avance pour être certains de ne rien manquer de la cérémonie, qui a débuté à 10h.

«Je suis très contente d'être là. Tous les gens qui sont venus avec moi avaient très, très envie», a confié, tout sourire, Jacqueline Lamusse, Française originaire du Mans croisée à la sortie d'un autocar transportant un groupe de plusieurs dizaines de pèlerins.

Le père Pascal Garçon, qui les accompagnait, ne cachait pas non plus son bonheur. «C'est un moment de joie», a résumé le religieux qui appartient, comme le frère André, à la congrégation de Sainte-Croix.

«Plusieurs des pèlerins du groupe m'ont dit qu'ils avaient été guéris grâce à lui... Il semble bien qu'il avait réussi à se faire largement connaître en France par ses propres moyens», a-t-il souligné.

«Chaque fois que je vois sa vie, je me prends une claque. Je me dis qu'il faut que je sois plus simple, plus accueillant», a ajouté le religieux, avant d'aller se fondre dans la foule de fidèles qui faisaient la queue pour passer les contrôles de sécurité, plutôt minimalistes.

Les pèlerins, qui portaient des foulards de couleur renvoyant au futur saint qu'ils venaient vénérer, se sont répartis dans plusieurs sections, installant sur les clôtures métalliques des drapeaux de leur pays d'origine.

Pouvoirs de guérisseur

«C'est fantastique de pouvoir assister à une telle célébration. Surtout que c'est un Canadien qui est à l'honneur, un de nos bons chrétiens», a souligné Odette Charbonneau-Legault, qui portait le drapeau canadien.

Comme nombre de pèlerins rencontrés sur place, elle prête des pouvoirs de guérisseur au frère André. «Mon père est allé le voir trop tard pour son cancer, mais le père de mon amie a été guéri», a confié l'Ontarienne de 76 ans.

Leomary Herrera, femme d'origine vénézuélienne établie à Rome, a souligné qu'elle était venue à la demande d'une amie québécoise malade. «Je suis plus émue que les Québécois... Ça me touche de voir des gens de partout réunis ici pour une cause commune», a-t-elle déclaré en essuyant une larme d'une main tenant le fleur de lys.

Normand Lalonde était aussi très ému de pouvoir assister à la cérémonie avec sa femme Francine. «Pour moi, c'est un sentiment de bonheur, de joie intense», a confié le Québécois de 59 ans.

Il a raconté que son grand-père avait été sauvé de la gangrène par l'intervention du religieux québécois. «Il l'a pris avec lui et a prié pendant cinq jours pour le sauver alors que les médecins voulaient lui couper la jambe... Toute la famille a une grande dévotion au frère André. C'est vraiment un grand jour pour nous», a-t-il souligné, peu de temps avant que le pape n'ouvre la cérémonie.

Homme pieux

Dans un passage de son homélie lu en français, Benoît XVI a salué l'ancien portier du collège Notre-Dame comme un homme pieux qui avait permis, par sa simplicité, à «beaucoup de voir Dieu».

«Pour lui, tout parlait de Dieu et de sa présence. Puissions-nous, à sa suite, rechercher Dieu avec simplicité pour le découvrir toujours présent au coeur de notre vie! Puisse l'exemple du frère André inspirer la vie chrétienne canadienne!» a-t-il lancé aux pèlerins.

Le chef de l'Église est revenu à la charge à la toute fin de la cérémonie, invitant les fidèles francophones à «déborder» de charité envers «leurs frères et soeurs qui connaissent la détresse», comme le faisait le fondateur de l'oratoire Saint-Joseph.