Le commissaire de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) avance que le ton plus corrosif observé depuis un certain temps dans le discours politique semble attirer et radicaliser certains individus, a rapporté le Globe and Mail. Bob Paulson croit par ailleurs que le «terrorisme non conventionnel» tel qu'observé à Sainte-Foy découle d'une présence grandissante de haine et de controverse sur les médias sociaux.

Après une audience devant le Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense, lundi, le commissaire de la GRC est revenu sur les événements du 29 janvier dernier. En se gardant d'utiliser le mot «terroriste» en parlant du suspect, Alexandre Bissonnette, il n'a pas écarté la possibilité que des accusations en ce sens s'ajoutent aux six de meurtres prémédités et cinq tentatives de meurtre auxquelles il fait déjà face. Le commissaire a toutefois rappelé le défi auquel font face les enquêteurs, qui doivent prouver que son geste avait des motivations politiques ou idéologiques.

«Si les policiers et les procureurs déterminent qu'il existe une dimension impérieuse d'intérêt public et que les éléments de preuve sont suffisants pour [déposer des accusations en matière de terrorisme], alors c'est ce qui va se passer», a déclaré M. Paulson aux journalistes.

Criminel extrémiste

En attendant, le grand patron de la GRC qualifie le suspect du meurtre de six musulmans de «criminel extrémiste». Une catégorie dans laquelle il placerait aussi des individus comme Justin Bourque - qui a tué trois agents de la GRC lors d'une fusillade à Moncton en 2014 - ou le regroupement Freeman-on-the-Land, des radicaux qui contestent l'autorité du gouvernement à travers le pays en ciblant des juges et des policiers. 

«Il y a, et je crois que tout le monde sera d'accord avec moi, un ton plus acerbe dans le discours politique qui semble attirer, agiter et radicaliser des gens de tous les horizons, et principalement ceux qui n'ont aucune connaissance en la matière. Ça nous préoccupe énormément», a admis le commissaire. 

L'enquête sur la tuerie survenue à la mosquée de Sainte-Foy le 29 janvier est dirigée par la GRC, en collaboration avec la Sûreté du Québec et le Service de police de la ville de Québec. Le commissaire de la GRC n'a pas voulu dire aux journalistes où en était l'enquête ni confirmer les armes qui avaient été utilisées par Bissonnette.

«Nous devons comprendre les motifs de ce délinquant; ce qui l'a poussé à agir comme ça. Des fois, la politique est en toile de fond», a prudemment avancé M. Paulson, faisant référence aux conversations que le jeune homme a tenues sur certains forums ou réseaux sociaux comme Twitter. Bissonnette avait l'étiquette d'un «troll» et la réputation d'être un activiste inspiré par des groupuscules d'extrême droite. Il s'affichait comme partisan de Donald Trump et affirmait ouvertement être contre l'immigration au Québec, spécialement celle des musulmans.  

Préoccupations concernant internet

Plus tôt dans la journée, les représentants de la GRC ont assuré aux sénateurs réunis devant eux que le système en place pour tracer les individus montrant des signes de radicalisation est efficace et «qu'aucune information préalable n'indiquait qu'ils auraient pu intervenir» dans le cas d'Alexandre Bissonnette avant qu'il ne pose son geste.

Questionné par le Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense concernant le thème général des cyberattaques et du monde virtuel, le commissaire a souligné que «de sérieuses prises de conscience devaient se prendre par les politiciens» qui «doivent revoir les lois selon notre volonté de se positionner dans le monde digital» et la protection que l'on veut se donner.