Déjà confrontée à beaucoup d'hostilité depuis son ouverture il y a quelques mois, la nouvelle mosquée de Lévis, en banlieue de Québec, a dû se résoudre à fermer ses portes pour deux jours après l'attentat de dimanche, sur recommandation des policiers qui craignaient une nouvelle explosion de violence anti-musulmane.

«Nous sommes en contact avec eux depuis le début des événements. Il y a eu une recommandation qui a été faite en matière de sécurité, de suspendre les activités. Mais c'était seulement une recommandation», explique Guylaine Laplante, porte-parole de la police municipale de Lévis.

La salle de prière de l'avenue Bégin, dans le quartier historique du Vieux Lévis, a donc fermé ses portes lundi et devrait reprendre des activités normales ce matin. Depuis son inauguration au début de l'été, le discret lieu de culte, qui n'est même pas identifié par une affiche, était accessible tous les jours pour les fidèles. C'est la première fois que la direction demandait à ceux-ci de cesser temporairement d'y venir.

«C'était une décision tout à fait ponctuelle, d'urgence, qui a été prise d'un commun accord avec la police, car elle n'était pas en mesure d'assurer la sécurité des fidèles», explique Karim Elabed, imam de la mosquée de Lévis.

Hier, la police se faisait très visible dans les environs de la mosquée. «Effectivement, il y a une surveillance particulière pour l'ensemble des lieux de culte», confirmé Guylaine Laplante. Aucune menace précise n'avait toutefois été identifiée.

Un climat d'hostilité

La mosquée de Lévis, premier établissement religieux musulman à ouvrir ses portes sur la Rive-Sud de Québec, a affronté beaucoup d'hostilité au cours de ses premiers mois d'existence. Des citoyens s'étaient d'abord inquiétés de son implantation, auprès du conseil municipal.

Des gens avaient aussi distribué des tracts qui l'associaient aux Frères musulmans, un mouvement politique islamiste international, ce que les responsables de la mosquée de Lévis ont démenti à plusieurs reprises.

L'imam de la mosquée de Lévis Karim Elabed qui tient un commerce d'alimentation halal à Québec, dit aussi avoir été victime de «visites d'intimidation» à son travail de la part de groupes hostiles à l'islam, l'été dernier. Ces gens, qu'il n'a pas voulu identifier en entrevue avec La Presse, auraient aussi rendu visite à la boucherie de son ami Azzedine Soufiane, commerçant qui a péri dans l'attentat terroriste de dimanche, dit-il.

«Ce n'est pas la sérénité», dit-il, au sujet de sa situation.

Il dit toutefois avoir reçu beaucoup d'aide de la paroisse catholique Saint-Joseph-de-Lévis, qui a accueilli les musulmans à bras ouverts. Lorsque des terroristes ont tué un prêtre à Rouen, en France, en juillet dernier, l'imam Elabed a écrit une lettre pour dénoncer «cette abominable tuerie». La lettre avait été lue pendant une messe, en juillet, par le prêtre lévisien Paolo Maheux, dans une manifestation de solidarité interconfessionnelle.