Devant des politiciens, tous partis confondus, les leaders musulmans de la région de Québec ont souligné lundi matin leur engagement à préserver une société libre et sécuritaire. « On va continuer à être des citoyens à part entière », ont soutenu Mohamed Labidi, vice-président du centre islamique frappé dimanche par un attentat et Boufeldia Benhallah, un des fondateurs.

Dans un témoignage émouvant, il a rappelé que les gens avaient été tués « debout, au moment où ils étaient en train de prier ». La communauté était sensible aux problèmes de sécurité, des caméras avaient été installées, mais beaucoup restait à faire, « ils nous ont pris de court », a-t-il souligné, indiquant que la communauté allait demander des conseils à la GRC pour mieux assurer sa protection à l'avenir.

Réunis à l'hôtel de ville de Québec, ces leaders de la communauté avaient pu rencontrer le premier ministre Philippe Couillard, le maire Régis Labeaume et une trentaine d'élus de tous les partis politiques représentés à l'Assemblée nationale et aux Communes. « ll n'y a plus de partis politiques aujourd'hui. Nous sommes tous touchés », a-t-il mentionné.

Pour Philippe Couillard, « cette communauté a été visée, les personnes qui ont été lâchement assassinées l'ont été parce qu'elles font partie de cette communauté ». Les forces de police ont bien sûr « à l'esprit » la possibilité de représailles des groupes extrémistes. Dans quelques mots en arabe, il a souhaité de meilleurs jours à la communauté durement frappée. « Le Québec est une société pacifique, mais il y a ces débiles... », a-t-il souligné. Devant ces menaces les gouvernements doivent « combattre et prévenir » pour empêcher la réédition de tels drames.

« Ce n'est pas fleur bleue de dire qu'on veut une société plus fraternelle. Le défi est de le dire même après quand la frénésie se sera calmée, à ce moment lancer encore plus l'appel a la tolérance », a déclaré M. Couillard. 

Pour Régis Labeaume, « ce n'est pas seulement la communauté musulmane qui a été touchée mais tous les Québécois. La semaine dernière, on rappelait qu'on avait été un an sans meurtre et je disais qu'on était la ville la plus sécuritaire au monde. Imaginez comment on se sent aujourd'hui ». L'image de la ville est durement atteinte sur la scène internationale, craint-il.

Les dirigeants de la communauté musulmane ont tour à tour livré leurs sentiments après l'attentat qui a coûté la vie, tous soulignant l'importance de panser les plaies, de maintenir des relations normales entre les différentes confessions au Québec.

« Prière et support, on en aura besoin dans les jours qui viennent. On a devant nous un long chemin de collaboration, de coopération », dira l'un d'eux. Une femme portant le hijab est venue rappeler que sa communauté est « contre tout acte violent contre un humain, quel qu'il soit. Nos enfants vous font confiance, par le travail il faut garder ces enfants, en faire de bons citoyens canadiens et québécois ».

Pour l'un des intervenants, avec cette communauté atteinte, « tout le corps est atteint, ces gens ignobles ont touché le tissu de la communauté musulmane mais en même temps de toute la société québécoise ». « Nous sommes fiers d'être Québécois, Canadiens, dans cette ville l'une des plus belles au monde ! »

Cette rencontre avec les leaders musulmans de la région avait été prévue la veille dans les heures suivant l'attentat survenu à la mosquée de Québec. Le premier ministre Philippe Couillard et le maire Régis Labeaume tenaient à rebâtir les ponts rapidement après l'attentat qui avait laissé sans vie six fidèles, frappés après leur prière du soir.

Outre MM. Couillard et Labeaume, les ministres Martin Coiteux et Sébastien Proulx plusieurs élus de la région de Québec avaient tenu à participer à la réunion. Pour le PQ, Jean François Lisée et Agnes Maltais s'étaient déplacés.

Éric Caire de la CAQ, Patrick Huot, du PLQ et les élus fédéraux Jean-Yves Duclos et Joel Lightbound faisaient partie de la trentaine d'élus qui avaient tenu a manifester leur solidarité étaient aussi présents.

Le premier ministre Trudeau doit se rendre à Québec plus tard aujourd'hui.